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Osheaga 2022 | jour 2 : Magi Merlin, Sampa the Great, Skiifall, Freddie Gibbs, Tai Verdes, Mitski, Sophia Bel, Khruangbin, 100 gecs, Future et Caribou

Après la fin de journée électrisante de vendredi avec Arcade Fire, est-ce que la journée de samedi saura égaler la frénésie de la veille? Je me suis dirigée vers Osheaga avec quelques attentes, mais aussi une envie de découvrir quelques artistes que je n’avais jamais vus en live. Retour sur une journée nuageuse, mais enivrante.

Avec la collaboration spéciale de LP Labrèche et les photos d’Alexanne Brisson.

Premier acte de la journée

En remplacement de BIA, c’est Magi Merlin qui prend la scène de la vallée à 14h20. C’est peut-être un ajout de dernière minute, mais Merlin a pris le contrôle de la scène et de la foule comme si elle attendait ce grand moment. Électrisante, drôle, et vraiment heureuse d’être là, elle a livré son matériel comme personne. Une belle façon de commencer la journée.

En se dirigeant plus loin à la fin de la performance, on croise Pierre Kwenders qui se déhanche pour la foule sur la scène Sirius XM. Comme d’habitude, Kwenders est en symbiose avec la musique, les curieux s’arrêtent pour regarder et danser.

LP : Pendant que tu déambulais Yara, j’étais du côté de Sampa the Great qui offrait son deuxième concert à Montréal en autant de semaines. Après avoir remplacé au pied levé Yemi Alade à Nuits d’Afrique la semaine passée (toute une addition quant à moi), elle a montré encore qu’elle avait du chien avec une performance charismatique et incarnée sur la scène de la Vallée. Entourée de sa sœur et de son cousin aux chants, elle a donné un concert à mi-chemin entre le rap, le blues et la musique traditionnelle de Zambie. Une artiste à découvrir si vous ne la connaissez pas déjà.

La consécration

Le set le plus attendu de la journée (enfin, de ma journée) était celui de Skiifall. Le jeune rappeur de NDG est la dernière grande sensation musicale dans le monde. Choisi en 2021 par feu Virgil Abloh pour faire la bande-son de la collection Louis Vuitton X NBA, le jeune rappeur s’amuse sur scène, heureux de revenir à la maison. Et son set est à l’image de Montréal; coloré, savoureux, et talentueux. Skiifall se moque avec bonne foi de la foule qui embarque dans le jeu. Il s’amuse même à sacrer en français pour que sa mère ne le comprenne pas. Puis, pour la dernière chanson, il embarque un fan sur la scène qui chante à pleins poumons. Le jeune prodige du rap donne une performance électrisante. Performance qui restera dans les annales d’Osheaga.

Parlant de grande performance, on en a aussi profité pour aller voir Tove Lo que je ne connaissais pas beaucoup. Bien que je n’ai eu qu’une dizaine de minutes pour la voir, je peux dire que la jeune femme sait faire lever un bon show. Imagerie à saveur sensuelle, déhanchement… tout était de mise.

Le non-choix

Le grand dilemme de la journée (enfin, encore une fois de la mienne) ce fut de mettre Sophia Bel, Freddie Gibbs et Mitski en même temps. Mitski et Gibbs ont effectivement une foule différente, mais moi, la passionnée de musique, aime les deux. Je n’ai fait aucun choix, décidant de regarder les trois. En attendant Freddie Gibbs, j’ai pu voir Tai Verdes qui jouait sur la scène voisine. Le connaissant seulement de ses chansons TikTok, je n’avais jamais vraiment entendu parler de l’artiste. Ce fut une bonne performance, sans plus. Verdes fait plus dans le jeu de scène que dans l’authenticité sur scène et les paroles des chansons sont un peu vides…

Mais quand Freddie Gibbs est embarqué sur scène, c’était la folie. Les gens se déchaînent. Freddie Gibbs n’était pas venu à Montréal depuis 2014, faisant ainsi un retour attendu dans la métropole. Et les fans ne furent pas déçus. Énergisante, rigolo, sa performance fut semblable à celle de Turnstile la veille avec la présence d’un mosh pit. Il en a profité même pour souhaiter bonne chance aux mosheux.

Pour Sophia Bel, sa performance fut ponctuée de problèmes techniques rendant le tout difficile. Commencée en retard, n’arrivant pas à jouer, le début fut un peu déstabilisant pour la jeune chanteuse pop-punk. Mais Sophia Bel s’est vite reprise et a joué devant une petite foule d’irréductibles qui dansent sur ses chansons.

Quant à Mitski, c’est exactement la même chose qu’à Pitchfork il y a deux semaines. Je savais qu’il n’y aurait aucun changement. Elle est reconnue pour ne pas changer ses sets et ne pas parler à son public. D’ailleurs, elle ne s’adresse au public que deux fois. Extravagante, théâtrale et dramatique, sa performance charme les fans. C’est beau et je n’ai aucun regret de la revoir une deuxième fois en deux semaines!

FIN DE SOIRÉE…GÂCHÉE!

Après Mitski, je me suis dirigée à la scène de la Rivière pour Khruangbin. Le groove, le funk, le soul et le disco sont de mise jusqu’aux projections. Les gens dansaient ensemble. La foule donnait l’impression qu’on était à un grand « house party » où les hôtes ont des goûts musicaux « fancys ». Mon seul hic, c’est que les transitions étaient des reprises de grands succès…et des grands succès c’est OK pour une chanson, pas 10 minutes. Passer de Snoop Dogg à Spandau Ballet, c’est comme too much. Est-ce que ça a un impact sur mon appréciation du band? Non. Mais ça rend l’expérience un peu moins agréable.

C’est la grande finale de la journée qui fut exceptionnelle. Future était à Montréal pour ses fans et ça se sentait. J’ai rarement vu une performance de rap aussi enflammée. Et enflammé est le mot, puisque des jets de feu sortent à chaque chanson! J’avais chaud même si j’étais loin de la scène! Enfilant les succès et même ses collaborations avec Drake, la foule devient complètement débile durant pushin P, Mask Off et Way 2 Sexy. Bien que la performance est un classique show de rap, Future sait comment faire lever les foules. Ça finit bien une journée!

LP : Tu vois Yara, moi j’étais du côté de Caribou où j’ai dansé ma vie et sué pas mal tout ce qui me restait d’eau dans le corps. Ça m’aurait pris un habit de récupération d’eau comme dans Dune à ce point-ci. Dan Snaith et ses musiciens étaient dans une forme resplendissante et ont livré un peu plus d’une heure de pièces dansantes contagieuses. D’ailleurs, le combo semblait particulièrement touché de la foule nombreuse qui dansait jusqu’au dernier rang. Ce fut une belle façon de clore un samedi soir d’Osheaga!

Mais, il y a un incident qui m’a laissé un goût amer de ma journée. Un incident qui m’a laissé en colère. Et cet incident vient gâcher la soirée qui s’annonçait exceptionnelle.

Je suis restée à côté de la scène de la Vallée après avoir vu la dernière chanson de 100 gecs (si quelqu’un peut m’expliquer 100 gecs, je serais franchement heureuse).

LP : Oh allo Yara. Toujours là pour toi. J’ai adoré la performance de 100 Gecs qui a fait aller son hyperpop dans tous les sens en mixant les différents courants musicaux dans un mélangeur mis au max. Le punk, la pop, le métal, le rap et tout le reste s’y retrouvent concentrés dans de courtes pièces punchées. S’ajoute à ça une bonne dose d’autodérision et de culture troll. Ils ont notamment joué l’hymne national canadien, mais en fait c’était simplement les deux membres qui piochaient aussi fort que possible sur des morceaux de métal en ne suivant aucune mélodie. Laura Les est particulièrement impressionnante lorsqu’elle fait sortir de sa gorge des growls métal. En plus de ça, la paire nous a donné une bonne leçon d’utilisation de pédale de « pitch shifter » en faisant passer un mauvais quart d’heure à Sweet Child O’Mine de Guns and Roses. La paire a terminé sa performance avec une version acoustique sur des tabourets de sa chanson gecgecgec. Ah oui, et ils ont de beaux costumes de sorciers. De retour à Yara :

Polo & Pan prennent la scène, les gens dansent et puis Paul Armand-Delille (Polo) prend le micro et annonce qu’il a une belle surprise pour le public et qu’il adore Montréal. La surprise? Leur remix de Ani Kuni, la lamentation autochtone. Après une semaine à se remémorer les souffrances qu’on subit les autochtones, Polo & Pan ont trouvé de bon goût de jouer ce remix déjà controversé d’un chant autochtone qui demande aux dieux d’avoir pitié d’eux puisqu’ils ont tout perdu.

C’est un manque de jugement flagrant. Un manque de considération envers le public canadien, envers les nations autochtones, envers… pas mal tout. Non seulement ils jouent sur le territoire non cédé de Tiohtiá:ke (Montréal), mais ils décident que c’est une belle surprise de jouer ce remix franchement sordide. Bref, le message de Polo & Pan ce soir-là, c’est de danser sur le malheur des autres.

Je ne sais pas si Polo & Pan s’en fichent de la signification de ce chant, mais ici on respecte ceux qui étaient là avant nous. Au final, bien qu’il n’y a pas eu de coiffe autochtone durant le festival, le colonialisme fut bel et bien présent durant leur performance. Osheaga devrait demander des comptes à rendre de la part des artistes.

Mais sinon, à part cet accroc monumental, ce fut un samedi réussi au Parc Jean Drapeau. On entame la dernière journée avec un parcours bien réussi et le plaisir d’être de retour dans les festivals!

Crédit photo: Alexanne Brisson

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