Une première soirée qui s’est terminée aux petites heures du matin avec un concert de rap pas piqué des vers, un Thierry Larose en feu, un Émile Bilodeau à l’énergie débordante et un Richard Desjardins inspirant.

Toutes les photos sont par Maryse Boyce.

Il faisait encore clair et le soleil perçait à travers les vitraux de l’église Saint-Sauveur quand le duo MoKa a fait son entrée sur scène. La paire était accompagnée pour l’occasion par Andréanne Muzzo (Les Passagers) pour livrer ses pièces devant les fidèles rassemblés. Accueillies chaudement, les deux jeunes femmes ont convaincu la foule avec leur pop aux touches électroniques et aux mélodies sympathiques. Elles ont gagné un peu de solidité sur scène depuis leur passage aux Francouvertes en 2020. Elles en sont encore à leurs premiers concerts et la timidité fait toujours partie d’eux. Au moins, c’est authentique du début à la fin. D’ailleurs, elles ont eu droit à un rappel. En plus des pièces de leur EP Première danse et les quelques simples parus avant, elles ont livré une reprise Laisse tomber les filles de France Gall.

Engagement quand tu nous tiens

Devant l’Église, une Chantal Archambault rayonnante informait les jeunes et moins jeunes sur les initiatives de l’Action Boréale. À l’intérieur, Richard Desjardins est arrivé « sans son orchestre » pour nous faire un conte fascinant et enchanteur sur les erreurs passées et présentes qui ont été faites envers la forêt et les communautés autochtones. C’était un moment d’émerveillement très touchant. Il est un de nos grands et sa présence en elle-même impose et inspire. Assez pour devenir membre de l’Action à tout le moins.

Puis, c’est Émile Bilodeau en duo avec Nathan Vanheuverzwijn qui avait la tâche de reprendre le flambeau. Avec sa fougue incroyable, il a livré un concert qui avait des airs de marathon. Malgré qu’ils ne soient que deux, ils réussissent à livrer les chansons avec une certaine puissance. Il faut dire que Bilodeau possède une dégaine impressionnante. Il a profité du concert pour rappeler que Michèle Lalonde s’est éteinte plus tôt dans la journée. Cette poétesse et femme importante pour le Québec mérite les éloges. Agacé par les murmures bruyants de la salle, amplifiés par l’acoustique naturelle de l’Église, Émile Bilodeau a demandé que « par respect pour la route qu’on a fait mes chummés et moi, d’écouter la prochaine ». L’auteur-compositeur-interprète a offert un heureux mélange de nouvelles chansons qui se retrouveront sur son prochain album (en plus d’un autre qu’il aurait enregistré pendant la pandémie et qu’il a annoncé pour l’automne 2022). Il était tout feu tout flamme en livrant Freddy Mercury, à un point tel que tout le monde était debout sur son banc d’église pour danser et une ovation retentissante a clôturé la solide performance du jeune homme.

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Émergence et relève

C’est le groupe Et on déjeune qui était à l’honneur de la vitrine en sandwich entre Émile Bilodeau et Thierry Larose. Ce n’est pas une mince affaire que de présenter son concert entre ces deux-là. Rapidement, on se rend compte que la formation a travaillé beaucoup sa proposition et possède une personnalité forte. Il reste tout de même du travail à faire au niveau des textes qui flirtent avec l’humour sans se commettre totalement. De plus, le groupe fait beaucoup de jeux de mise en scène, ce qui est bien ludique. Certaines harmonies vocales étaient approximatives alors qu’à d’autres moments c’était solide comme le roc. La formation nous a livré aussi deux chansons en anglais qui faisaient beaucoup penser à Sixpence None the Richer autant musicalement que par ses mélodies.

On peut dire qu’on assiste à l’éclosion de Thierry Larose depuis quelques mois. Après avoir lancé le très apprécié Cantalou, il a commencé à l’offrir sur scène et ses prestations se font plus solides d’une fois à l’autre. Au lancement, déjà, il avait offert un très bon show. Hier, c’était tout simplement électrisant. Entouré de Charles-Antoine Olivier, Sam Beaulé, Lou-Adriane Cassidy et Alexandre Martel (Anatole, Apophis), il a livré avec fougue les pièces de son premier album. Ce qui frappe le plus, c’est le côté rock qui ressort particulièrement sur scène. La chanson-titre de l’album rentrait au poste. Il a terminé sa prestation avec l’excellente Les amants de Pompéi. Les demandes de rappel étaient tellement insistantes et le groupe ayant visiblement passé à travers son répertoire, ils ont refait des pièces du concert. C’était un très bon concert. À mettre sur votre liste de concert à voir.

Rappé dans le mille

C’est Dope.gng et Kiraouc & Kodakludo qui avait la tâche de terminer cette première soirée de FRIMAT. Les deux duos de rappeurs l’ont fait avec adresse et énergie. C’est d’abord Dope.gng qui ont pris d’assaut la scène de La Cabane. Rapidement, la salle était convaincue et gagnée par l’énergie contagieuse des deux rappeurs. Le tout avec de nombreuses heures de voiture dans le corps puisque la paire était la veille au Festif! de Baie-Saint-Paul. C’est un beau 9 heures de route avant construction. Ce n’est pas rien. Les échanges étaient habiles entre Yabock et Zilla qui se sont amusés comme larrons en foire.

Puis, Kirouac & Kodakludo sont venus présenter les pièces de leur premier album, Les Gradins, sur la scène de La Cabane. Encore là, le duo a pris du galon depuis leur passage aux Francouvertes en 2019. Notons d’abord que Kodakludo n’est plus autant derrière sa table. Les deux rappeurs maintenant habitent la scène avec aisance et sont beaucoup plus énergiques dans leur livraison. C’est franchement convaincant. Cette nouvelle liberté qu’ils ont trouvée, ils s’en servent pour offrir de beau moment à la foule. De plus, leur pacing de spectacle était intelligent en gardant Bixi pour la fin, ce qui a mis le feu aux poudres et laissé tout le monde rentrer chez eux avec un gros sourire dans le visage.

Une première soirée réussie qui se poursuit ce soir avec Robert Robert, Nüshu, Élégie, Alex Pic et un artiste mystère…

Crédit photo: Maryse Boyce / FRIMAT