Avec les nombreuses annulations qui plombent la dernière journée du FIJM, ce vendredi soir prenait les allures de véritable dernière soirée d’un Festival de jazz comme on les connaissait à l’époque avec une foule dense qui passait d’un concert à l’autre.

Photos par Alexanne Brisson (sauf pour TEKE::TEKE)

Avec l’annulation de Christine & the Queens samedi soir, j’arrivais donc pour ma dernière couverture du festival. J’avais tout un ordre du jour : Badbadnotgood, TEKE::TEKE puis finir chez FELP et ses nombreux invités.

Badbadnotgood

Comme disait ma voisine, ils devraient s’appeler bonbontrèsbon. Ça faisait quelques années que je n’avais pas vu le groupe de jazz à la sensibilité hip-hop en concert. En fait, depuis 2017! La formation a depuis lancé un autre excellent album : Talk Memory en 2021. C’est d’ailleurs les chansons de cet album qui ont été principalement présentées sur la scène de la Place des festivals en chaud vendredi de juillet. Quelques exceptions ont été faites pour Lavender de IV et Lite Spots tirée de l’excellent 99.9%. D’ailleurs, ces deux chansons me font dire : mais voyons pourquoi Kaytranada n’est pas venu faire un petit tour sur scène, dans sa terre natale pour le jazz et ajouter une couche de spectaculaire à ce concert déjà très agréable?

Badbadnotgood est entré sur War Pigs de Black Sabbath qui a retenti avec fracas dans le gros système de son de la Place des Festivals pendant que le groupe prenait tranquillement place sur scène. Les Torontois étaient nappés de projections de films en 60mm qui était envoyé depuis une tour placée au centre de la foule. Un procédé assez rare pour une si grosse scène. Le résultat était magnifique visuellement.

En se concentrant sur les pièces de Talk Memory, c’est surtout le côté jazz stoner du groupe qui a été mis de l’avant plutôt que le côté hip-hop qui a fait sa renommée en début de carrière. J’ai quitté la Place des festivals avec les premières notes de Lavender qui jouaient pendant que je fendais la foule vers le Club Soda pour retrouver TEKE::TEKE.

TEKE::TEKE

Gros changement d’atmosphère avec ce plongeon dans le rock audacieux de TEKE::TEKE. Si au début de sa carrière, le groupe se concentrait beaucoup sur le surf-rock à la japonaise des années 60, il a depuis pris une nouvelle tournure s’aventurant dans la création de sonorités novatrices et franchement intéressantes. Le tout est mené avec brio sur scène par l’extravagante Maya Kuroki. Le groupe a principalement fait des pièces de Hagata, son album paru plus tôt cette année, pendant que j’y étais. En toute franchise, la foule était dense, j’ai manqué trois pièces et j’ai quitté le Club Soda avant la fin pour attraper FELP. Ça faisait beaucoup de bonnes musiques en peu de temps.

TEKE::TEKE se présentait devant un Club Soda bien rempli pour enchaîner les pièces. Encore une fois, la formation était à point musicalement. C’était tight, comme on dit. Les guitares de Serge Nakauchi Pelletier et Hidetaka Yoneyama étaient rutilantes pendant que Mishka Stein et Ian Lettre assuraient le groove et la mesure. La flutiste Yuki Isami et le tromboniste Étienne Lebel pour leur part en plus de jouer de leurs instruments offraient aussi de bons petits pas de danse quasi chorégraphiés. Ce n’est pas un show de Beyoncé, mais ça rend la chose pas mal sympathique. À travers le tout Maya Kuroki est incarnée sur scène et mélange questionnements existentiels, danse contemporaine, et performance vocale convaincante. Ça valait le détour.

FELP

Parmi les événements uniques qui étaient proposés au Jazz cette année, le concert de FELP occupait une place d’honneur. Félix Petit, l’homme derrière le projet, est un musicien très aimé de la scène québécoise qui accompagne notamment Les Louanges et Hubert Lenoir. Étant donné que les invités sur l’album ne sont pas toujours faciles à réunir à un même endroit, c’était le fun de savoir que Klô Pelgag, Laurence-Anne, Miqi O, Em Pompa, Hawa B, Greg Beaudin et Hubert Lenoir seraient tous là.

Autour de FELP, il y avait ses amis musiciens, les mêmes qu’on pouvait croiser il y a plus d’une dizaine d’années dans des soirées de jams qui finissaient toujours trop tard (ou tôt, c’est selon) : Jérémi Roy, Em Pompa, William Côté, Gabriel Godbout-Castonguay et Martin Rodriguez.

Pour ceux qui ont écouté HELP, c’est un album riche et intéressant (la critique s’en vient), mais ça pose aussi des défis assez grands pour l’emmener sur scène. Par moment, la troupe à FELP a réussi haut la main et par moment, ç’a été un peu plus ardu. Il faut dire que le son n’était pas très bon pendant le concert. Est-ce que c’est la foule nombreuse qui faisait que le son étouffait, c’est difficile à dire, mais une chose est sûre, même au milieu de la foule, ce n’était tout simplement pas assez fort. Ce qui a fait qu’on a même perdu des allocutions de FELP alors que c’était sa soirée!

Parmi les moments forts de la soirée, on peut nommer le duo de Greg Beaudin et Hawa B, alors que cette dernière a démontré l’étendue de la puissance de sa voix sur Brokest Rapper You Know. C’était puissant et convaincant. Klô Pelgag pour sa part avait un petit quelque chose de clown avec son casque de construction rose flash et ses mouvements stylisés sur scène pour Babyfoot. Finalement, Hubert Lenoir a bien sûr cassé la baraque en arrivant pour la dernière chanson, sans avoir fait le test de son, ce qui veut dire que les premières mesures ont été dédiées à faire monter le son dans les moniteurs. Il a pris la scène comme lui seul sait le faire.

Voilà qui conclut notre couverture du Festival International de Jazz de Montréal 2023. S’il y a une chose qui me marque de cette édition, et des Francos, c’est le public. Il y avait du monde dans les rues. La dernière fois que j’avais vu autant de monde se presser dans les rues de Montréal, c’était à l’été 2019. Ça fait du bien de retrouver notre ville avec la folie grouillante des soirées chaudes de festival. À l’année prochaine!

Crédit photo: Alexanne Brisson