Critiques

TEKE::TEKE

Hagata

  • Kill Rock Stars
  • 2023
  • 41 minutes
8
Le meilleur de lca

En 2021, avec la sortie de l’excellent Shirushi, le septuor TEKE::TEKE avait attiré l’attention d’un bon nombre de mélomanes avides d’exotisme musical. La signature unique de la formation, qui propose une mixture de rock psychédélique fertilisée par des influences japonaises issues du mouvement eleki — une sorte de surf-rock qui a connu son heure de gloire au milieu des années 60 — en avait convaincu plus d’un.

Les Montréalais nous présentent donc une deuxième offrande en carrière intitulée Hagata; un terme qui fait référence au présent, mais un ici et maintenant qui camoufle un moment disparu. Dans le communiqué de presse qui nous a été transmis lors de l’annonce de la sortie de ce long format, la chanteuse Maya Kuroki expliquait plus en détail la signification d’Hagata : « C’est comme se réveiller d’un rêve ou être connecté à l’autre versant de quelque chose ».

Enregistré dans un studio situé à Mountain Dale, petit hameau bucolique localisé dans l’état de New York, Hagata a été réalisé de nouveau avec l’apport de Daniel Schlett (The War on Drugs, DIIV, etc.). Encore une fois, le groupe enjolive son rock à l’aide d’une série d’instruments traditionnels japonais, mais la formation élargit sa palette sonore avec l’ajout de cuivres. On y entend même quelques subtils clins d’œil au rock brésilien des années 60, au soul et au funk, sans oublier les habituels ascendants surf rock et psychédélique.

Or, ce qui singularise TEKE::TEKE réside sans aucun doute dans l’utilisation astucieuse du shinobue, une petite flûte traversière en bambou qui survole la vaste majorité des chansons de l’album. Combiné à l’interprétation vocale emblématique de Maya Kuroki, on se retrouve devant un groupe rock qui triture savamment les habituels codes de ce genre musical.

Évidemment, TEKE::TEKE est nettement plus qu’une formation qui auréole ses chansons d’une flûte. Dans Hoppe, le groupe plonge dans le post-punk sans perdre son identité sonore. Sur Onaji Heya, c’est l’influence krautrock qui se fait sentir. Doppleganger est une excellente chanson pop psychédélique. Le garage rock enjoué entendu dans Setagaya Koya, incluant l’utilisation appropriée de la pédale wah-wah, est franchement captivant. On salue également les magnifiques orchestrations et la contribution des cuivres dans Gotoku Lemon ainsi que la superbe déflagration sonore dans Yurei Zanmei. La conclusive Jinzou Maria, elle, pourrait aisément faire partie de la trame sonore d’un film réalisé par Quentin Tarantino. Et s’il n’y avait qu’un seul bémol à émettre, c’est peut-être cet intermède sonore instrumental titré Me No Heya qui nous a semblé un peu superflu.

Hagata est une création plus « orchestrale » que Shirushi. Mais c’est également une preuve irréfutable que le groupe est une tête chercheuse qui refuse le surplace créatif. Avec ce débordement de cuivres, ce shinobue enchanté et la voix caractéristique de Maya Kuroki, ce deuxième opus de TEKE::TEKE confirme que le groupe pourrait nous envoûter pendant plusieurs autres créations.

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