Chroniques

Vendou | Entrevue : trouver la bonne direction

Pour ce deuxième album solo, Vendou s’est donné de gros défis. Fini le pot, fini la dépression, création en collectif et écriture renouvelée.

Vendou a fait de gros changements dans sa vie depuis Millenium. Même si c’est son deuxième album solo, les projets du rappeur montréalais se comptent par dizaines : « Mine de rien, c’est mon deuxième album en solo, mais il y a eu 7 projets avec l’Amalgame, deux albums avec les fourmis, une trentaine de collaborations et trois EP en solos. J’en ai écrit beaucoup. » Alors qu’est-ce qu’on dit quand on en a déjà dit autant? Eh bien, on parle du présent. Parce que le présent de Vendou est bien rempli.

Changer de cap

À la fin de la pandémie, Vendou a frappé un mur.

Y’a pu d’bébite dans ma tête
J’fais le ménage de mon mind
Aujourd’hui le plancher shine
J’ai pu peur d’avoir mal
Quand y’a des noeuds à défaire
Faut savoir demander l’aide
Et j’retiens plus mes larmes
On se construit sur des failles
Cicatrise avec le time
J’ai pu envie d’get high
J’ai pu envie de die

Sérendipité

Même s’il le glisse avec un ton suave, à mi-voix, ce n’est pas rien de dire qu’on a plus envie de mourir. Ça donne une idée du chemin parcouru par Vendou. « V Pour [son EP précédent], c’était conceptuel et je tuais Vendou pour passer à la vie d’adulte. » Ces changements étaient le miroir de la fin d’une phase dépressive qui s’est terminée en 2021 pour Vendou. En 2022, il a décidé d’entreprendre une thérapie, de lâcher le pot et l’alcool et de s’occuper de sa santé mentale. « Je voulais reprendre le contrôle de ma vie. Il y a quelque chose de toxique dans le fait d’essayer de vivre de ta musique. Il y a une pression de performance, il n’y a pas de possibilité de prendre de pause, il faut tout le temps que tu sois up there. »

À travers ses consultations, il s’est rendu compte que c’est pas vrai que tu ne peux pas prendre de pause. Tout ceci s’inscrit dans une démarche générale pour prendre soin de lui-même. Cette démarche, on la trouve un peu partout dans les paroles sur NEXUS. Particulièrement sur la chanson Rien ne sert de mourir sur laquelle Meghan Oak livre un excellent refrain. Il continue : « Je m’accrochais à quelque chose qui n’étais plus moi, à une image de moi jeune que je ne laissais pas mourir. C’était ça tuer Vendou, c’était me donner le droit d’être contradictoire. »

Créer dans la sobriété

D’ailleurs, dans les gestes qu’il a posés pour cheminer dans ce sens, il a décidé d’arrêter de consommer. Si l’alcool était une drogue prise en groupe, lors d’événements sociaux, le pot lui était intimement lié à la création. Vendou a dû apprendre à écrire et rapper en étant entièrement lucide. « Pour moi, la décision était assez claire et du jour au lendemain. Je suis parti au Costa Rica pendant un mois pour me détacher de tout ça dans un autre contexte. Quand je suis revenu, j’avais déjà un mois de sobriété de fait, je me sentais bien. »

Si avec lui-même il était en paix avec sa décision, il a trouvé que sa vie sociale écopait. « Ce que j’ai trouvé difficile, c’est de garder ma vie sociale. Un moment donné, les gens t’appellent plus. T’es plus dans le même thrill. La musique c’est beaucoup autour du chilling, on boit, on parle, etc. Il y a fallu que je me tourne vers des passe-temps qui ne tournent pas autour de l’alcool. J’ai recommencé à jouer au hockey (avec son bon ami FouKi), j’ai ressorti mes cartes Magic, des choses que je faisais plus jeunes qui ne tournent pas autour de l’alcool. »

J’ai perdu des potes
Je les pardonne
C’est le produit de mon époque

Hélios

Créer en gang

La collaboration fait partie de l’ADN de Vendou. D’abord, ce fut au sein de l’Amalgame, puis à travers le grand collectif que sont Les Fourmis et avec son ami FouKi qu’il a accompagné sur scène pendant quelques années. Pour la création de NEXUS, Vendou s’est entouré à nouveau de Mathias Clerc, Gaël Auclair, Mathieu Rompré, Tommy Létourneau et Francis Duchesne en studio. Il a pris le temps aussi. Le processus d’écriture s’est étalé sur un an et des poussières. « On a commencé un peu avant le mois d’août. Cette fois-là, on partait de rien. Il y a fallu trouver une voix à travers ça. On a eu l’impression de perdre notre temps pendant six mois parce qu’il n’y avait rien de concret. Il y avait des idées qui se brassaient, mais on partait de zéro. »

Et pour l’écriture, Vendou n’en est pas à ses premiers albums et il ne voulait pas se répéter. C’est peut-être pour ça qu’il s’est lancé dans un hommage à Joe Dassin qui était la musique de ses parents sur Tous les jours. L’exercice de style lui a permis de se créer un terrain de jeu intéressant.

À plein temps dans la carrière solo

Après avoir décidé d’un commun accord qu’il était mieux d’arrêter de faire le « hype men » de FouKi avec la direction que prenait le spectacle, que l’Amalgame ait cessé en grande partie ses activités et les Fourmis qui est un collectif toujours un peu plus compliqué à faire fonctionner étant donné la grande diversité de voix : « C’est une fourmilière sans reine… », il y a une voie claire qui s’ouvre à Vendou. Et il sait aujourd’hui trouver la lumière, même quand c’est nuageux.

Maintenant que son NEXUS est lancé en ligne, ce sera au tour du concert de lancement le 26 octobre prochain. Pour y assister, vous pouvez vous procurer des billets ici ou écouter NEXUS dès maintenant.

*Cet article a été rédigé en collaboration avec l’Ours Label.

Crédit photo: Cédric Demers

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