Chroniques

Red Hot Chili Peppers

Blood Sugar Sex Magik

rhcp-bssmVoilà donc 25 ans qu’est paru l’immense Blood Sugar Sex Magik des impayables Red Hot Chili Peppers. Album incontournable du paysage radiophonique des «90’s» avec les Under The Bridge, Give It Away, Breaking The Girl et Suck My Kiss, mais plus encore: un véritable tour de force pour son atteinte du parfait équilibre entre groove sauvage, rap lubrique et une grosse dose de sexualité gluante.

Blood Sugar Sex Magik c’est aussi l’album qui a créé le culte RHCP™, deux ans après la percée de Mother’s Milk. Premier album du groupe dans l’écurie Warner Brothers, première collaboration avec Rick Rubin qui à l’époque a déjà deux disques platine des Beastie Boys et deux tout aussi classiques de Slayer à son CV: les étoiles étaient alignées pour propulser les peppers «hors de la carte».

Mais on ne dirait pas tout ça si sur Blood Sugar Sex Magik, le quatuor n’était pas au sommet de son art. La chimie opère définitivement plus que sur le précédent album qui voit arriver deux nouveaux membres (Chad Smith et John Frusciante). Les textes sont inspirés, les compositions sont à la fois complexes et accrocheuses, le tout, avec un rendu furieusement funky, drolatique et tout à fait imbibé.

Anthony, Flea, John et Chad y jouent en parfaite symbiose des compositions qu’ils ont travaillés ensemble, tout nus, dans la joie et dans l’excès. Tout ça se sent et contribue à rendre cet album réjouissant en tout point, mais surtout dans la région des pantalons.

Mais passons à ce qui rend cet album si grand. Je ne m’attarderai pas aux chansons que l’on entend encore sur le gros FM nostalgique, parce qu’on les connaît par coeur (choeur) et parce qu’elles sont finalement qu’une porte d’entrée à un univers tellement plus déjanté.

On a acheté Blood Sugar Sex Magik pour les titres mentionnés ci-haut, mais c’est pour Mellowship Slinky In B Minor, The Righteous & The Wicked, Power Of Equality, If You Had To Ask et Sir Psycho Sexy que l’on réécoute sans cesse cet album. Pour ces moments où le groupe incarne sans même une graine (!) de gêne l’héritage d’Hendrix, de Parliament et de Funkadelic (on salue George Clinton). Rien que ça.

L’originalité (et les capacités) de Flea n’était déjà plus à prouver en 91, mais ce n’était pas le cas du jeune Frusciante à la six cordes. Ce dernier a vraiment «élevé son niveau de jeu» sur Blood Sugar Sex Magik. Vous irez prêter l’oreille aux pistes de guitares isolées de John qui sont disponibles sur YouTube. Sans aucun autre instrument, ça groove en diable.

Au niveau des textes, quand on passe la «hose» sur les résidus de lubrifiant et de liquides corporels, on découvre une foule de références politiques, musicales et culturelles parfois populaires, parfois passablement cryptiques et c’est comme ça qu’on aime nos piments.

Et en y pensant bien, il y a sur cet album des parts égales de sang, de sucre, de sexe et de magie ce qui le rend terriblement dansant, vulgaire, mais tout de même parfait pour la frileuse radio FM. Brillant Rick Rubin!

Mais une fois propulsés au rang de vedettes planétaires avec cet album et par les tournées dans la caravane Lollapalooza puis à Woodstock, les Red Hot se sont brûlés au passage au point d’y perdre Frusciante, exilé en France pour fuir sa dépendance à l’héroïne.

Après un album avec Dave Navarro, ce gourou de la six cordes, John reviendra pour écrire le dernier chapitre pertinent de l’incroyable histoire des Peppers: Californication. Le groupe continuera ensuite à sitedemo.cauire des best-sellers, mais sans jamais retremper son funk rock rappé dans une bouillie de sexualité dépravée, de glucose, de magie ancestrale et de sang de jeunes vierges. Dommage.

Et si vous n’avez pas vu les «Red Hot» sur scène avant le tournant des années 2000, mettez votre argent ailleurs… sont plus capables de jouer ces tounes-là anyway.

Car toute la jouissance tripative qui exulte de Blood Sugar Sex Magik nous rappelle douloureusement que c’était ben mieux dans les années 90.

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