Klô Pelgag | Entrevue : éternelle exploratrice
Non Klô Pelgag n’est pas nécessairement l’émule de Dora, mais comme le personnage de dessin animé, elle se lance constamment des quêtes.
Par un bel après-midi de dimanche du mois d’octobre, j’ai rencontré Klô Pelgag dans le quartier Neder-Over-Hembeek à Bruxelles. Nous avons pris quelques minutes pour parler de son nouvel album qui paraîtra le 11 octobre.
Klô Pelgag continue de prendre de plus en plus entre ses mains la création. Avec Notre-Dame-des-Sept-Douleurs, Chloé Pelletier-Gagnon avait décidé qu’il était temps qu’elle s’occupe des arrangements. Cette fois-ci, avec Abracadabra, elle a pris dans sa cour la réalisation. Ce n’est pas entièrement sa décision à la base. Sylvain Deschamps qui travaille avec elle depuis l’Alchimie des monstres n’était pas disponible. D’ailleurs, l’équipe qui entoure la jeune femme ne change pas beaucoup à travers le temps. Klô Pelgag le dit : « À chaque fois qu’un musicien est parti, c’est un drame! Je suis quelqu’un d’hyper loyal en amitié comme dans le travail. »
Seule, mais bien entourée
Une fois que son deuil était passé, Pelgag a avancé sur le nouveau projet, qui, de son propre aveu, l’a obsédé pendant un an. On y remarque son humour. Dans un concert présenté à Bruxelles en Belgique la fin de semaine dernière, elle a parlé de sa manière de troller la chanson Les puits de lumière qu’elle trouvait trop sage dans sa forme. Ça ressemble beaucoup à Klô Pelgag qui aime bien éliminer le sérieux dans ses concerts avec moult blagues et extravagances. Elle le fait ici en musique aussi à travers son travail de réalisation.
Si le fait de prendre la tâche de la réalisation lui permettait de vivre de nouvelles expériences, comme de participer aux mix avec Pierre Girard, Klô Pelgag mettait déjà beaucoup son nez dans l’ensemble du processus de création. Quand elle parle du travail de Deschamps, c’est en terme amical : « c’était mon support émotif. Tu sais, un réalisateur, c’est tellement plein de choses. Mais c’était un grand support émotif, un ami… Qui était super, genre, brain de toute la technique aussi. Il faisait beaucoup sur les prises de son. »
Si Klô Pelgag a eu le courage de prendre en main la réalisation, elle dit sans détour que c’est en raison des gens qui sont près d’elle : « Je suis vraiment chanceuse d’être bien entourée. Un truc que j’aimerais dire aussi, les gens ne relèvent pas dans les entrevues : je pense que ça n’aurait jamais été cet album-là si les gens autour de moi ne m’avaient pas encouragé à le faire toute seule. De prendre le rôle de réalisatrice. Parce que, sûrement que si les gens avaient fait comme « Ah ouais, peut-être que tu devrais prendre un autre réal », là j’aurais fait. Mais eux, ils étaient tous comme « Ben non, Klô, t’es capable de le faire, c’est sûr que tu le fais, c’est dans la continuité, vas-y! Pierre [Girard] m’a full encouragée. Tu sais, Pierre il est une sommité dans ce qu’il fait. »
Exigeante créatrice
Il fallait aborder la question de l’attente. Quand on enchaîne les succès comme Pelgag, il y a parfois ce drôle de sentiment, ou de stress, chez l’artiste qui se développe : les gens m’attendent! Mais ici, ce n’était pas le cas. En fait, Klô Pelgag ne voit pas la création et la musique comme ça. « À un moment donné, l’essentiel c’est comme… Tu sais, quand tu te déconnectes de tout ça, puis que tu es chez toi, puis que tu écoutes un vieil album de Miles Davis ou un album obscur de musique ambient, Et là, tu te dis : c’est ça la musique. Ce n’est pas ce qu’on a dit à propos de ça. Il y a plein de monde qui hait ça, ce que je suis en train d’écouter en ce moment, mais moi, ça me bouleverse et ça m’accompagne dans ma vie. J’essaie de rationaliser tout ça de cette façon-là, ça m’aide. C’est ça l’important. »
Cette passion pour son métier d’orfèvre de la musique, Klô Pelgag l’a plus que jamais alors qu’elle teinte ses nouvelles créations de synthétiseurs, dans la continuité des premiers traits qui avaient été ébauchés sur Notre-Dame-des-Sept-Douleurs. Et le travail d’album est marqué par les exigences que Klô Pelgag a envers sa création. Ce n’est pas une créatrice qui est torturée par son œuvre, mais quand elle parle des étapes de la fabrication d’un album, elle en parle en insatiable créatrice qui cherche à arriver à un résultat qui n’existe qu’entre ses deux oreilles. C’est peut-être cette recherche curieuse qui fait en sorte qu’on se retrouve avec des pièces si bien écrites et réalisées.
Ou peut-être que c’est la faute de l’album obscur de musique ambient. Qui sait?
Abracadrabra de Klô Pelgag arrivera le 11 octobre à minuit.
Crédit photo: Benoit Paillé