Chroniques

Une entrevue avec Breton

Un peu plus tôt cette année, le groupe anglais Breton faisait paraître War Room Stories, leur deuxième album en carrière. Bien reçu par la critique, la formation a maintenant pris la route et depuis une semaine, le groupe est en Amérique du Nord. Le groupe venait de poser ses pénates à Minneapolis, Minnesota, alors j’en ai profité pour converser au téléphone avec l’un des meneurs de Breton, Roman Rappak. On a jasé de l’album, de la tournée, de l’art en général et du concert que le groupe présentera demain soir au Belmont, situé au 4483 boulevard St-Laurent à Montréal.
 

LP: Salut Roman, comment ça va?

Roman: Bien et toi?

LP: Pas pire, pas pire. Dis-moi Roman, j’ai trouvé War Room Stories plus festif qu’Other People’s Problems. J’ai aussi lu que vous aviez procédé différemment pour composer; un procédé plus collaboratif que le précédent effort.

Roman: Oui, ce l’était. Sur le premier disque, tout était créé électroniquement et ensuite il fallait ajouter des êtres humains dans le mix; ce qui était intéressant, mais quand tu pars sur la route pour un an, tu réalises qu’essayer de jouer ce qu’une machine peut jouer, ce n’est pas toujours très réussi. Cette fois-ci, on a essayé d’écrire des pièces que des humains pouvaient mieux exécuter que des machines.

LP: Comment ça se passe sur scène depuis la sortie de l’album?

Roman: Je crois que ça fonctionne bien et que l’expérience est positive. La chose qui me frustrait auparavant, c’était qu’avec la musique électronique, tu peux passer des heures pour obtenir exactement ce que tu veux. Tu as l’impression d’avoir des pouvoirs de dieux, puis tu te rends sur scène et la réalité de celle-ci c’est que ces «pouvoirs» disparaissent. Tu te retrouves dans un environnement où il y a du chaos, du bruit, des gens différents et des atmosphères différentes qui varient d’un soir à l’autre.

LP: Est-ce que tu penses que ça te donne la liberté, du moins cette fois-ci, de savourer entièrement le moment présent sur scène?

Roman: Absolument! Ça sonne un peu cliché, étant donné qu’on a fait un album électronique, mais quand on est parti sur la route, on s’est finalement dit: «Faisons un album live!». Ça s’est naturellement passé comme ça.

LP: Dernièrement vous avez fait plusieurs concerts devant des foules impressionnantes, entre autres au Printemps de Bourges. Comment faites-vous la transposition du spectacle d’une immense scène à des salles plus intimes comme celle du Belmont à Montréal?

Roman: Il y a des groupes qui aiment commencer dans des petites salles pour ensuite grossir et grossir. Nous, on aime prendre les opportunités qui s’offrent à nous. On a autant de plaisir à jouer pour une immense foule que de faire la trame sonore en direct pour dix films dans un cinéma, pendant un festival de musique à Melbourne. L’important c’est de profiter de ces instants et créer avec les gens qui sont présents. C’est sensiblement la même chose que quand tu reçois des gens, qu’ils soient 10 000 ou 200, pour nous, il n’y a pas de différences!

LP: Vous avez enregistré War Room Stories dans une ancienne station de radio communiste à Berlin.

Roman: Oui, mais c’était plus qu’une station de radio. C’était immense! Il y avait près de 3 000 personnes qui travaillaient à cet endroit dans le passé. Il y avait des bureaux, des studios, dont un espace suffisamment spacieux pour enregistrer un orchestre complet et d’autres pièces spécifiquement conçues pour l’enregistrement d’un piano. C’était un vrai magasin de bonbons pour nous.

LP: Vous êtes plus indépendant que jamais. Vous avez laissé tomber Fat Cat Record pour sitedemo.cauire sous votre propre label. Est-ce que tu penses que c’est plus pertinent que jamais et que c’est dorénavant mieux pour la musique d’être totalement affranchi d’une compagnie de disque, qui aura assurément plus tendance à centrer ses opinions sur la mise en marché que sur l’art ?

Roman: Totalement! C’est drôle, avant être indépendant, c’était un geste de protestation contre la façon de faire des maisons de disques, alors que maintenant, c’est la réalité d’un musicien en 2014. C’est terminé les budgets de dizaines de milliers de dollars pour enregistrer ton album. Ce n’est plus un geste de protestation, mais une façon de survivre en tant que musicien. J’ai fait l’école des Beaux-Arts et puis tous mes amis savent qu’ils vont crever de faim pour un bout de temps, mais ils ne le font pas pour l’argent, ils le font par passion. C’est la même chose pour nous! Le but ce n’est pas d’avoir des dizaines d’autos, mais simplement de manger et se loger. C’est tout ce qu’on veut! Ça et jouer!

LP: Est-ce que tu écoutes de la musique ces jours-ci?

Roman: Oui, j’écoute pas mal l’album de Pusha-T et le nouvel album de Damon Albarn. Il y a des trucs très bien sur Everyday Robots.

LP: La dernière fois que tu étais à Montréal, tu m’avais dit que le cinéma avait une grande place chez Breton. Est-ce toujours le cas?

Roman: Oui! On vient même de se faire engager pour composer la trame sonore pour un projet qui est en développement. On a aussi tourné un nouveau film qu’on présente pendant la tournée. Je ne suis pas certain si on sera en mesure de le présenter samedi soir. Tu sais ce que c’est la tournée…

LP: Vous étiez venu en décembre dernier, avant la sortie de l’album, pour présenter les nouvelles chansons ici. On est plutôt choyé.

Roman: En fait, on prend les opportunités qui passent. Tu vas jouer pour les gens qui ont acheté l’album et qui connectent avec les chansons. On est un peu vieux jeu dans notre approche, j’imagine. En ce qui nous concerne, c’est simplement de la gratitude et une reconnaissance pour nos fans. On est un groupe qui a été créé par les gens qui parlaient de nous et maintenant on essaie d’honorer et remercier c’est gens-là.

*Breton est en concert au Belmont, le samedi 10 mai (demain soir). Le Belmont est situé au 4483, boulevard St-Laurent à Montréal.

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