FME 2018 : jour 3
Le FME bat son plein. Les rues de Rouyn-Noranda sont pleines de mélomanes avides de découvertes. Cette troisième soirée était d’une qualité ridicule qui a frappé dans le mile à tous les coups.
Nostalgie? Je ne crois pas
Vendredi soir, j’ai fait un passage à Pierre Lapointe et ses beaux sans-cœurs qui venaient présenter les pièces de l’album sorti en surprise le 24 août dernier. Sur cet album Lapointe et sa solide bande de musiciens se lancent dans une direction rock yé-yé qui change des chansons à texte qui ont fait la renommée du dandy chanteur. Certaines personnes dans la foule s’attendaient décidément à entendre la Forêt des mal-aimés, ce qui ne fût pas le cas.
Le groupe composé de José Major (Salomé Leclerc), Philippe Brault (Safia Nolin), Vincent Legault (Dear Criminals) et Nicolas Basque (Plants and Animals) a commencé avec la dernière pièce de l’album, intitulée Décompte, une pièce majoritairement instrumentale et résolument rock. Puis, Lapointe a fait son entrée sur scène avec tout le panache qu’on lui connaît. Encore une fois, le visuel était marquant alors que tous étaient vêtus de costumes de jeans blanc (il devait faire si chaud) et qu’ils évoluaient dans un décor qui donnaient l’impression d’un après-bal défraîchi.
Plus dynamique que sur album, les pièces frappaient souvent dans le mile et la voix de Lapointe suivait mieux qu’à certains moments sur la galette. Random Recipe l’a rejoint pour une énergique interprétation de la chanson La sexualité tirée de Punkt. Un concert qui ne laissait aucune place à la nostalgie et qui regardait plutôt droit devant en plongeant dans une nouvelle proposition. C’est rassurant de voir Lapointe toujours se mettre en danger.
Plus de beauté que ton cœur peut en prendre
Parlant d’absence de nostalgie, c’était le même son de cloche du côté de Karkwatson. Karwa et Patrick Watson qui se réunissent sur scène pour un concert complet de collaborations, ça n’arrive jamais. Il y avait beaucoup de talent au pouce carré à l’Agora des Arts, mais surtout un plaisir évident chez les musiciens. Du début à la fin, ils se faisaient des accolades entre les chansons, riaient, se faisaient de gros sourire. Lorsqu’on parle d’art vivant… ça aurait été difficile d’être plus vivant et incarné que ça.
Le choix de chansons était délicieux. On passe de Hearts à L’Acouphène, de Marie tu pleures à Giver. Pour Into Giants, Watson, Cormier et Joe Grass se sont rejoints autour d’un seul micro. Puis, Robbie Kuster, puis Frank Lafontaine et finalement Stéphane Bergeron, c’était magnifique. Parmi les autres moments forts du concert, Turn Into the Noise était à couper de souffle. Même son de cloche du côté des Chemins de verre ou de L’Acouphène. Marie tu pleures s’est fait avec Lafontaine et Cormier face à face avec Watson entre les deux alors que la foule chantait toutes les paroles en compagnie du groupe.
Vraiment, c’était un moment unique dans l’Agora des Arts. Privilégiés sont ceux qui ont pu voir l’une des deux prestations. Merci le FME!
Clubbing et rock
À la sortie de l’Agora, je me suis dirigé à l’Espace Hydro-Québec où Xarah Dion était déjà en train de commencer son concert. La foule s’est mise à danser et n’a pas cessé avant qu’elle n’arrête ses machines. Visiblement, Dion était touchée par l’accueil chaleureux des spectateurs. Si vous vouliez aller danser dans une discothèque en ce samedi soir de septembre, le meilleur endroit était décidément là. Sa prestation était magnifique d’un bout à l’autre. Elle a même eu droit à un rappel et comme elle n’avait rien de préparé, elle a tout simplement rejoué une pièce de son set. Ça n’a pas empêché les gens de danser pour une deuxième fois sur le morceau.
Puis, c’était TEKE::TEKE qui était dans le sous-sol du Petit Théâtre du Vieux-Noranda. Ayant adoré l’EP Jikaku, paru plus tôt cette année, j’étais impatient de voir le combo de surf-rock japonais noise. Et je n’ai pas été déçu. Les pièces sont interprétées avec un aplomb exemplaire et une maîtrise totale. La pièce-titre était un moment particulièrement enlevant. De plus, le groupe nous a joué une nouvelle composition. C’était à tous les points de vue un moment de rock dansant parfait.
Encore sous le coup de l’émotion qu’avait inspiré TEKE::TEKE, nous nous sommes retrouvés devant Yamantaka // Sonic Titan qui est débarqué avec un son qui fait l’effet d’une tonne de brique. La formation nous a soufflés avec ses riffs puissants, sa performance hautement théâtrale et ses vagues de bruit magnifique pour les tympans. L’étoile du match va à la batteuse Alaska B qui, malgré qu’elle tape sur les tambours et les cymbales avec une rapidité incroyable, semble toujours calme. Quand les pièces de DIRT semblent si faciles à jouer, c’est que la batteuse est douée en torpinouche.
C’était une autre soirée réussie pour le FME 2018 qui a offert une des meilleures soirées de concerts de mon été. C’était la soirée des choix difficiles et j’ai malheureusement raté FRIGS. Mais on se reprendra.
À mardi matin pour la conclusion du périple.