Concerts

FEQ jour 7: Un gêné, un charmeur et Napoleon Dynamite entouré de 3 Pedros

J’ai beaucoup d’attentes pour ce soir spécialement, mais pas uniquement, parce que les p’tits gars de BADBADNOTGOOD sont en ville. La soirée commence au parc de la francophonie avec Leif Vollebekk puis je chercherai la douce voix de Gab Paquet avant d’écouter les pas bons.

Plaintes dynamiques

Cette mise en bouche se résume à deux choses : sourires gênés et spasmes. Leif Vollebekk paraît possédé lorsqu’il entame son folk country aux forts accents soul sur le sublime Twin Solitude. Les yeux clos il chante ses plaintes énergiques, chaque note semblant lui tordre tout son squelette. Chaque son joué sur son Rhodes Fender ou qu’il entonne est empreint d’une richesse et d’une générosité. Il voulait être lui sans compromis sur son dernier opus, comme il l’est sur les planches du Pigeonnier.

Il se hâte, 45 minutes c’est résolument trop court pour rendre justice à cet artiste. Il est accompagné d’un bassiste et d’un batteur. Tous les deux étaient très à l’aise avec l’atmosphère délicate de la musique Vollebekkienne. C’est principalement le plus récent album qui a été représenté : MichiganElegyVancouver TimeAll Night Sedans. À voir en spectacle, au plus vite.

Un homme, son Rhodes et ses convulsions charmantes, en 2017 à Toronto :

 
 

Assis et inattentifs

Hier, à la scène Hydro-Québec c’était l’Amour. Le suave Gab Paquet délivrait son miel mélodique avant l’amoureux de la dame en bleue.

J’arrive et la Place d’Youville est shutdown par les sièges installés pour l’auditoire qui déborde partout. La rue St-Jean complètement bloquée devant le Capitole, comme l’esplanade en face du Palais Montcalm. Sans compter le parvis derrière la tente de la sonorisation. Une vraie mafia de chaises de camping, c’est intimidant. Les personnes assises étaient mécontentes que certains se présentent DEBOUT devant elles à l’extérieur du site. Une première pour moi personnellement.

Peu importe l’immobilisme et la froideur de la foule, Paquet se démène superbement pour les faire tomber… en amour. Il réalise ses meilleures cabrioles, se rapproche de son public, pendant que sa coupe Longueuil virevolte. Tous les moyens sont permis pour réchauffer l’assistance. La plupart sont ahuris par les paroles PG-13 et contrariés d’avoir quelques danseurs ghettoïsés devant eux. L’élixir de Paquet fonctionne finalement pour la fin de la représentation : plusieurs se lèvent pour son ode à la tendresse familiale papa maman bébé amour, version Sexü.

Pour sa finale offrande des festivités, il nous demande de faire l’amour avec lui. Difficile de refuser, tout le monde est donc consentant. Même les réticents se trémoussent. Le vent gonfle sa chemise ouverte. Une vision glorieuse. Les notes finales de cette leçon de charme impliquent Paquet et son guitariste, le manche dressé, dans un moment Prince (RIP) juste pour nous. L’apothéose charnelle.

Un Policier Poète d’une prochaine génération se montre déjà le bout des cheveux : j’ai aperçu un petit garçon avec une perruque de Longueil.

Admirez la puissance de sa tignasse mi-courte mi-longue en février 2016 au cabaret du Festif :

 
 

Le Jazz c’est cool, t’entends?

Voilà, 21 h à l’Impérial. La salle n’est pas pleine à craquer, mais dès que les 4 musiciens on sent l’impatience de les accueillir. Ça hurle sans vergogne.

Dès l’ouverture avec Triangle le public est conquis, surtout avec l’ajout de Leland Whitty au saxophone. Ils enchaînent rapidement avec Speaking Gently et Whitty nous propose une séduisante flûte traversière. Le multi-instrumentiste s’est ajouté à la formation en 2016. Ses solos captivent à chaque fois. Pour les danseurs : avec son air un peu blasé et son t-shirt dans ses jeans il ressemblait au cousin talentueux de Napoleon Dynamite. Surtout qu’Alexander Sowinski et lui nous entraînent dans une chorégraphie de danse contemporaine pour l’une des pièces. Un moment aussi bizarre que parfait.

La bande ontarienne est impressionnante en étant aussi à l’aise dans le Jazz rock qu’avec la douceur d’un slow jam. Des influences Trap ou plus Old School s’entendent dans le jeu du batteur Sowinski. Depuis leur galette III où il n’y avait que du matériel original, leur identité s’affine et se complexifie tout en restant extrêmement amusante.

Au-delà des qualités techniques incontestées de tous les membres (le solo de basse de Chester Hansen donne des frissons) c’est le plaisir qu’ils ont à jouer ensemble qui met la cerise sur ce sundae. Le rappel s’ouvre avec un remix du James Bond’s Theme. Ça se finit avec tout l’Impérial accroupis en attendant le drop de Cs60. Un mosphit immense s’ensuivra.

Je pourrais en écrire encore beaucoup, parce que ce spectacle est maintenant dans mon top 3 personnel à vie. Impeccable, surprenant et divertissant. J’en aurais pris pendant 1 h 30 de plus, et je ne pense pas être le seul à être de cet avis.

BBNG : Comme toujours, le minuscule bureau de NPR (prestation de 2017) :

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