Kelly Lee Owens
Kelly Lee Owens
- Smalltown Supersound
- 2017
- 46 minutes
C’est au printemps dernier que le premier album de la Londonienne d’adoption Kelly Lee Owens était révélé. Âgée de 27 ans, née au Pays de Galles, cette jeune férue de musique s’est expatriée à Londres afin de s’immerger dans un milieu culturel plus stimulant. Embauchée chez un disquaire renommé, Owens a fait sur place la rencontre de plusieurs créateurs issus de la scène électro de la capitale anglaise. Les Daniel Avery, Gold Panda et Ghost Culture sont ainsi devenus les mentors et amis de la jeune dame.
Sous les bons conseils de ces musiciens, elle a pu travailler librement sa musique dans un relatif anonymat, lançant quelques simples sur la plateforme Soundcloud. C’est grâce à la pièce Lucid qu’Owens a pris réellement conscience du talent qui l’habitait; elle qui ne possède aucune formation musicale et qui est une adepte du DIY. Tout ce qui gravite autour de la scène électro, journalistes, « journaleux », blogueurs et blaireaux, s’est entiché immédiatement pour le travail de Kelly Lee Owens. C’est ainsi, en fouillant sur le Web, que je me suis intéressé à elle.
Ceux qui me lisent (réellement ou en diagonale) savent pertinemment que je me méfie toujours du fameux « buzz » autour d’un premier album. Je suis un fervent défenseur de l’artiste qui dure et j’exècre souverainement la saveur du moment. Dans le cas de Kelly Lee Owens, le battage médiatique est justifié. En plus de nous offrir un disque mélodiquement accrocheur, elle amalgame une abondance d’influences qui, de prime abord, aurait pu sombrer dans une incohérence totale, mais qui coule magnifiquement de source. Les chansons d’Owens sont d’une fluidité déconcertante.
Des ascendants technos d’outre-tombe, de la pop orchestrale, de la « cold-wave » et même du krautrock – la conclusive 8 est sublime – se côtoient comme si de rien n’était. Même si les chansons sont construites de façon élémentaire, bizarrement, elles ne manquent pas d’ambition, particulièrement en ce qui concerne les sonorités explorées. Elle se plaît entre autres à mixer sa voix folk-pop haute perchée avec une musique électronique viscérale et ténébreuse. Le contraste est aussi singulier que prenant. Et même si certaines mélodies peuvent paraître enfantines, il y a quelque chose d’indicible qui fait que l’on reste scotché à sa musique. C’est ce fond de techno cérébral et sa voix angélique qui confèrent à ce premier album un indescriptible charme.
C’est bon du début à la fin avec quelques pointes qui m’ont particulièrement plu. Je pense à cette sorte d’électro pop, à la Anne Clark, intitulée Anxi et qui met en vedette l’invitée Jenny Hval. L’hypnotique Bird – pièce qui porte bien son nom – est parfaite pour conclure une nuit endiablée sur un « dancefloor ». Cbm est du même acabit, détenant un je-ne-sais-quoi de karautrock. Et que dire de l’émouvante Keep Walking; chanson dans laquelle participe Daniel Avery. Frissons garantis.
Honnêtement, ce premier essai est une totale réussite. Voyons voir si elle saura se renouveler afin de ne pas terminer sa trajectoire dans le cimetière des « trois petits tours et puis s’en vont »… mais la suite des choses augure bien. Si vous aimez ces artistes de haut calibre que sont les Beach House, Björk, Grimes et autres, vous serez en pâmoison à l’écoute de Kelly Lee Owens.