Alexandre Delano & The Delano Orchestra
Eau
- Kütu Folk
- 2015
- 34 minutes
Alexandre Delano = The Delano Orchestra. Une simple équation pour commencer. Même musiciens et même tête pensante. Peut-être juste un nouveau nom pour une nouvelle vie ? C’est en tout cas une bonne chose d’entendre à nouveau celui qui avait propulsé le folk et la ville de Clermont à la mode il y a un peu moins de dix ans en France.
Pourtant, les derniers Delano Orchestra n’étaient pas tip top. Très loin de là. On fait donc un signe de croix, on ressort les vieilles idoles et on espère qu’un nouveau nom est synonyme de renouveau artistique. En tout cas, le CD est propre. Presque simple. Très loin des envies bouffies d’orgueils décelables sur d’anciennes compositions du Clermontois, ici on est face à un album cohérent et sobre en atermoiements. Les textures musicales aqueuses au possible se répètent d’un titre à un autre, mais ce n’est pas un souci. Au contraire, l’univers du CD n’en est que plus fort et prenant. On pourrait même oser dire que l’auditeur est englouti par les créations de Rochon qui semble pour la première fois partager avec bienveillance ses compositions avec les personnes qui l’écoutent.
L’idée de l’Eau rappelle beaucoup le maxi sorti en 2012 par The Antlers, Undersea (2012), qui avait également pour thème le monde marin. Les deux efforts ont en tout cas pour point commun la profusion de bruitages océaniques et une certaine obsession du «corps dans l’eau». Toujours au niveau des références liquides, il est marrant de noter que beaucoup d’observateurs avaient qualifié Andorra (2007) de Caribou de «pop aquatique». Eh bien, Eau d’Alexandre Delano pourrait totalement être son penchant «folk aquatique»
Le CD est humblement et doucement poétique. Piscine, le meilleur titre de l’album, est une délicate poésie qui mêle trains et vagues. Beaucoup plus fouillé que tous les autres albums de Delano Orchestra confondus, Eau a cet avantage d’être très riche au niveau des orchestrations. La jolie trompette de Pénélope, l’envolée électrique sur L’alphabet… Finalement, rien ne pourrait mieux qualifier Eau que ces deux adjectifs: mignon et délicat.
Mais c’est un peu chiant. On ne va pas se mentir. Comme dit plus haut, il «chuchote» vraiment sans jamais apporter une certaine plus-value au niveau de ce style de chant. Sur un ton linéaire, il dévoile certes de jolis textes, mais qui manquent de pêche, de rythme. L’avant-dernier titre Madeleine, est une longue litanie de sept minutes et vingt-trois secondes sur le même thème, le même chant, ça n’aurait pas été un problème si la voix du Clermontois était un peu plus forte/belle/puissante (par exemple Cass McCombs avec ce même procédé sur le titre de neuf minutes A Knock Upon The Door réalise un morceau magique, mais bon, si on commence à comparer les deux voix…).
Finalement Eau = n’importe quel CD de Delano en mieux sitedemo.cauit, mais avec les mêmes défauts. Il semble que plus le temps passe, plus on s’éloigne de ses inspirations qui avaient abouti à son chef d’œuvre de folk dépouillé le cœur à vif de A Little Girl, A Little Boy And The Snails They Have Drawn (2008). Si la renommée semble arriver avec Eau, tant mieux (un papier dans le Monde, une super note dans les Inrocks…). Rochon reste un bel artiste aux jolis bagages qui mérite d’être connu.
Ma note: 6/10
Alexandre Delano & The Delano Orchestra
Eau
Kutu Folk
34 minutes
https://www.facebook.com/alexandredelanoeau
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