Afternoon Bike Ride a fait des vagues avec l’excellent Glossover et ses textures sonores riches. Pendant la sortie de celui-ci, il y avait tout de même un drame qui se tramait en arrière-plan. Le père de Lia Kuri était atteint de démence et son état n’allait pas en s’améliorant. Il a fait partie intégrante de la vie de Kuri et donc du reste du groupe, allant jusqu’à être omniprésent pendant une retraite d’écriture. Au cours des deux dernières années, son état s’est dégradé et le tout s’est soldé par la seule certitude de la vie. Running With Scissors est en partie une chronique de ces temps, mais aussi un récit de deuil qui ne se limite pas au grand drame, mais qui incorpore aussi les trivialités de la vie, comme l’amour et les relations interpersonnelles au travers.

I just come and go
You won’t see me old
You won’t see my life
Beyond the child you taught to fly
In your night
I’m finding my ground
And you’re not here
To tell me how
— See Me Old

Comme le démontrait déjà habilement Abigail, l’un des premiers extraits de l’album, Afternoon Bike Ride a toujours un goût prononcé pour les textures sonores intéressantes. Éloi Le Blanc-Ringuette et David Tanton continue de s’échanger les instruments et trouvent des manières de créer des trames qui sortent du lot. Celles-ci collent à merveille à la voix R&B-esque de Lia Kuri et l’ensemble offre à nouveau des chansons chaleureuses qui apaisent l’âme.

Il y a quand même des pièces qui vont explorer de nouveaux territoires pour le trio québécois. C’est le cas pour la plus pop Oh No! et son petit riff de guitare efficace. On n’est pas très loin de ce que la formation a proposé par le passé, mais il y a un petit quelque chose de plus accessible dans la mélodie vocale. Mais la pièce qui est la plus surprenante est la rock Miss Universe qui est paru en simple en amont de la sortie. C’est franchement différent comme approche pour le trio. Beaucoup plus dynamique, la pièce réussit à garder un aspect atmosphérique en raison de la voix si légère de Lia Kuri, mais il y a des guitares plus présentes et des arrangements qui ne sont pas sans rappeler la pop du début des années 2000.

Parmi les autres pièces qui ressortent du lot, on retrouve la groovy Otherwold qui penche du côté plus dynamique de l’approche d’Afternoon Bike Ride. Il y a aussi la lancinante Feel Through qui offre une balade touchante et réconfortante. La chanson-titre de l’album est aussi très réussie, même si c’est une finale assez mélancolique que nous propose la formation dans les paroles. Par contre, le côté pop et dynamique de l’approche musicale vient contrebalancer le tout. See Me Old est aussi un des moments forts, même si, une fois de plus, on est carrément dans le deuil.

C’est un deuxième album réussi pour Afternoon Bike Ride qui continue sur la belle lancée sur laquelle il était avec Glossover. Il y a moins de surprise sur ce deuxième album parce qu’on s’attend à ces textures sonores délicieuses, mais elles demeurent tout de même absolument délicieuses.