Critiques

Murray A. Lightburn

Once Upon A Time in Montréal

  • Dangerbirds Records
  • 2023
  • 31 minutes
7,5

Le leader de la formation indie rock The Dears a amorcé sa carrière solo en 2013, avec la parution de MASS:LIGHT. Mais c’est avec la sortie de Hear Me Out, disque paru en 2019, que Murray A. Lightburn a agrandi sensiblement son public en adoptant la posture d’un chanteur de charme au goût du jour.

Quatre ans plus tard, l’auteur-compositeur montréalais nous présente un nouvel album intitulé Once Upon A Time in Montréal; un long format réalisé par Howard Bilerman (The Weather Station, Godspeed You! Black Emperor).

Sur cette création en mode esseulé, le chanteur à la voix d’or raconte le type de relation qu’il nourrissait avec son père, feu révérend William Lightburn. Malgré la relation silencieuse qu’entretenait les Lightburn, le père a quand même joué du saxophone sur deux albums de son fils : Gang of Losers (2006) et Missiles (2008). On présume donc que le papa a transmis son amour de la musique à fiston.

Sur ce troisième album, Murray A. Lightburn propose une mixture fluide de folk rock orchestral teinté de jazz domestiqué fortement inspiré des décennies 60 et 70. Mais le socle sur lequel s’appuie cette création est sans contredit les mélodies transmises par la voix magistrale du Montréalais. On ne le répétera jamais assez, Lightburn est assurément l’un des meilleurs vocalistes de sa génération.

Tout au long de ce Once Upon A Time in Montréal — titre d’une indéniable pertinence —, l’auteur tente de reconstituer le passé de son père. Du même souffle, l’artiste brosse un portrait assez juste d’un Montréal qu’une vaste majorité de francophones connaissent peut-être un moins. Cela dit, l’accent littéraire est vraiment porté sur cet être de peu de mots qu’était William Lightburn; un homme parfaitement de son époque. Élaborés comme une sorte de biographie sonore, les thèmes de l’amour, du temps qui passe et de l’incontournable mortalité sont habilement éparpillés tout au long de l’opus.

Dans l’introductive Dumpster Gold, Lightburn fils exprime sans aucun fard à quel point il aurait aimé échanger plus en profondeur avec son père :

It would have been so nice

Exchanging words or twice

– Dumpster Gold

Parmi les bons coups que l’on a recensés, la pièce-titre réunit un piano souriant, des cordes rêveuses et un superbe solo de saxophone qui survient au beau milieu de la voix planante de Lightburn. Un véritable joyau.

Les adeptes du rock orchestral des Dears sauront apprécier à leur juste valeur des pièces comme No New Deaths Today et In The Kingdom Of Heaven. Dans Oh But My Heart Has Never Been Dark, l’instrumentation plus audacieuse et vigoureuse entre curieusement en conflit avec la mélodie douce et posée du chanteur, mais ça fonctionne admirablement bien.

Enfin, on salue bien bas la performance vocale exceptionnelle, et mémorable, de Lightburn dans Girl You’ve Got To Let Me Go. S’il n’y avait qu’un seul bémol à émettre, c’est l’esthétique jazzistique assez convenue entendue dans The Only One I Want To Hear. Or, ce n’est rien pour affaiblir l’appréciation de cette création qui coule de source, tant l’immense talent de compositeur et d’arrangeur qui habite Murray A. Lightburn éclate à nouveau au grand jour.

Once Upon A Time in Montréal est un album intemporel qui fera parfaitement l’affaire en savourant lentement votre café par un beau dimanche ensoleillé… en ayant une pensée toute spéciale pour le révérend William Lightburn et son talentueux fils.

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