S’il y a une chose qui est une constante dans le temps, c’est la nécessité que ressent Lisa LeBlanc de ne pas refaire le même projet deux fois. Après un premier album qui plongeait dans le folk rock, franchement coloré par les sonorités chères à l’Acadie, elle avait ensuite lancé un Why You Wanna Leave Runaway Queen? Fortement influencé par l’indie rock canadien. Voici que son troisième album est pour sa part influencé par le funk et le disco.

Est-ce causé par l’ascendant de groupes comme Altin Gün ou encore par cette vague de chanteuses françaises qui reprennent le genre pour l’actualiser ? Ou encore simplement pour contrer la morosité de deux années de pandémies qui n’ont pas été faciles ?  Si on se fie à l’entrevue qu’elle a accordée à Sylvain Cormier dans Le Devoir, c’est la ludique Belinda qui a inspiré le changement de cap musical. Qui aurait pensé que le bingo serait la clé de l’inspiration retrouvée de Lisa LeBlanc?

D’ailleurs, l’inspiration est au rendez-vous autant musicalement que dans les textes. Parmi les beaux moments musicaux, on retrouve la dansante Pourquoi faire aujourd’hui, le groove abba-esque de Dans l’jus, mais aussi le côté « cordes » que les groupes de la grande époque du disco affectionnaient avec La poudre aux yeux. Cette dernière fait partie des quelques titres qui se démarquent par leur énergie plus posée. Ce qui frappe, c’est les sonorités délicieuses de la guitare. Ça fonctionne.

Il y a aussi des titres qui sont directement influencés par la vie acadienne sur Chiac Disco. La funky et légèrement psychédélique Le menu acadien décrit les mets qui font la fierté et la réputation des Acadiens. Même chose du côté de Gossip qui est une réalité tellement répandue dans les Maritimes. Tu veux savoir les derniers palabres, tu passes par le Tim Horton. Gossip II pour sa part verse plus dans le côté humoristique sur fond de musique pleine de cuivres.

Lisa LeBlanc avait prouvé par le passé qu’elle avait le don d’écrire de bonnes chansons d’amour. Ici, c’est Me semble que c’est facile qui frappe fort. C’est une parfaite pièce pour danser un slow collé et finir le tout dans un baiser passionné. Parmi les autres coups de circuit, Entre toi pi moi pi la corde de bois exprime un sentiment qu’une bonne partie de la société a vécu au cours des dernières années.

Chiac Disco est une belle œuvre qui s’inscrit bien dans la discographie de Lisa LeBlanc. C’est plus intéressant que les sonorités « adultes contemporaines » qu’on trouvait sur Why You Wanna Leave, Runaway Queen?, sans non plus être la fougue de la jeunesse de l’album homonyme. C’est un album avec une proposition efficace et réussie qui prouve encore une fois tout le talent de musicienne et de mélodiste qui habite Lisa LeBlanc.