Critiques

Lisa LeBlanc

Lisa LeBlanc

  • Bonsound
  • 2012
  • 45 minutes
8,5
Le meilleur de lca

«P’t’être que demain ça ira mieux, mais aujourd’hui, ma vie c’est de la marde!». C’est avec ces mots que Lisa LeBlanc a conquis le tout Montréal au cours de la dernière année. L’acadienne lance finalement son opus tant attendu et elle possède une qualité rare en chanson, la même que Dédé Fortin ou Bernard Adamus, celle de chanter notre tristesse en nous rassurant. Les difficultés du quotidien sont dépeintes avec poésie, sensibilité et un franc-parler hors du commun. Je dois faire mon mea culpa, j’ai un faible assumé pour le parler acadien depuis un séjour aux Îles-De-La-Madeleine et la néo-brunswickoise laisse fleurir sa langue tout au long de la galette.

L’album s’entame sur les notes de banjo de Cerveau ramolli qui donne efficacement le ton à l’album. La poignante Câlisse-moi là chante l’échec amoureux qui languit et mine. Et même si LeBlanc ne chante pas la joie de vivre, elle sait faire preuve d’humour dans ses textes. Un bon exemple est Chanson d’une rouspéteuse, qui sur un rythme relevé, fait une liste des affaires qui tapent sur les nerfs, avec au sommet : «J’haïs les chansonniers qui font des covers de Johnny Cash» (Note toute spéciale : t’as tellement raison!).

L’acadienne est tout aussi efficace lorsqu’elle fait preuve de vulnérabilité dans Lignes d’Hydro où l’on sent aussi l’influence musicale de Louis-Jean Cormier, le réalisateur de l’album. Car oui, si LeBlanc a fait ses classes dans les différents concours (Petite-Vallée, Granby), l’appui du meneur de Karkwa a dû assurément faciliter ce premier effort. La maturité musicale de Cormier se fait sentir tout au long de l’album, et sans dénaturer l’œuvre de LeBlanc, la bonifie et la magnifie. La chansonnière nous offre aussi une très belle chanson d’amour intitulé Kraft Dinner où la tendresse est à fleur de peau et où la superbe harmonie vocale du duo Cormier/LeBlanc rend le cœur léger.

Il serait malvenu de ne pas noter la décapante Aujourd’hui ma vie c’est d’la marde, chanson de défoulement par excellence qui fait penser à Brun de Bernard Adamus. Il faut souligner l’excellent travail des musiciens: Guillaume Turcotte, Maxime Gosselin et Jean-Philippe Hébert qui appuient à merveille l’auteure-compositrice-interprète. Petite note pour les curieux, le lancement était à guichets fermés, une centaine de personnes (dont je faisais parti) ont été retournés chez eux. Bref, si vous n’avez pas l’album, courrez l’acheter et mieux encore allez la voir en concert, vous tomberez en amour.

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