Critiques

Lisa LeBlanc

Why You Wanna Leave, Runaway Queen?

  • Bonsound
  • 2016
  • 38 minutes
7,5

Lisa LeBlancLa girl de Rosaireville revient sur disque quatre ans après la sortie et le succès monstre de son album homonyme. Lisa LeBlanc s’est parachutée dans le paysage musical québécois à coup de grosses chansons bien composées aux textes pas piqués des vers. Depuis, LeBlanc a souvent fait le tour de la province, sitedemo.cauit un maxi en anglais, Highways, Heartaches and Time Well Wasted, qui lui a donné une carte de visite dans le reste du Canada. Elle n’a surtout pas chômé.

Voici qu’elle lance Why You Wanna Leave, Runaway Queen? Comme l’indique son titre, la majorité des textes sont de nouveau en anglais. On sent que LeBlanc est à la conquête du ROC. Une conquête qu’elle a entamé avec son EP, mais qu’elle continue notamment en choisissant Joseph Donovan (Sam Roberts, The Dears) à la réalisation qui y met une touche franchement canadienne.

Ce petit côté canadien on le remarque un peu partout sur l’album. I Love You I Don’t Love You I Don’t Know est un bon exemple avec ses harmonies vocales en chœur qui rappellent justement le bon vieux Sam Roberts. Mais c’est une version plus «cowgirl» que nous offre Lisa soutenue par un texte plus personnel. La jeune femme aborde les méandres de l’amour sur ce deuxième album. Elle nous plonge dans les relations à moyennes et courtes durées de la vingtaine, celles où l’on apprend à se connaître soi-même par le biais d’autrui. Souvent en découvrant ce qu’on ne veut pas. La première pièce de l’album, Could You Wait Til I’ve Had My Coffee qui raconte l’horrible situation de se faire domper avant même la première gorgée de café avalée. LeBlanc n’y va pas avec le dos de la cuillère: «Well since you bringing up the subject/ I never thought you were the one/And you were bad in the sack/And you’re kind of a dick when you’re drunk/Oh you owe me two hundred bucks/And your band kind of sucks/My friends didn’t liked you/It’s not me, it’s you.» On peut en conclure que ça s’est mal conclu… justement.

LeBlanc offre plusieurs chansons folk assez rock sur son nouvel album, mais nous glisse quelques tounes plus touchantes dont la mélancolique Why Does It Feel So Lonely (When You’re Around). Il y a aussi la simple, mais efficace (Self-Proclaimed) Voodoo Woman ou encore la désolante 5748 KM qui aborde les relations à longue distance avec une honnêteté déconcertante. Pour quiconque ayant vécu cette situation, elle fesse pas mal en plein centre de la cible: «It’s probably the dummest idea that I ever had but I love you, yes I do.» nous chante-t-elle avec un motton dans la voix.

Le français n’est pas complètement évacué de son nouvel album. On retrouve la rock et hargneuse Ti-gars: « Ti-gars t’es parti/T’es parti pour l’aventure/T’es parti pour tout le temps/T’es parti pour toujours/Pis t’es parti avec mon char». Ah, les histoires de Lisa, c’est toujours très divertissant. On sent comme sous texte un gros: «Fuck my life». Lisa nous fait aussi cadeau de la reprise d’Ace of Spades de Motörhead. La chanson du défunt groupe rentre au poste et Lemmy aurait été fier de voir la cowgirl te pitcher ça par la tête avec la force brute nécessaire pour que ça marche. Soudainement, la chanson prend des airs qu’on aurait pu entendre dans un saloon du début du 20e siècle… comme dans Back To The Future 3.

En somme, Lisa nous refait le coup d’un album réussi. LeBlanc n’est pas complaisante et nous sert de la musique qui se différencie totalement de ce qui se trouvait sur son album précédent et sur l’EP. Elle n’hésite pas à prendre un certain nombre de risques et à se réinventer tout en gardant des assises bien ancrées. Why You Wanna Leave, Runaway Queen? est réussi de la première à la dernière note.

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