Critiques

Wavves

Hideaway

  • Fat Possum Records
  • 2021
  • 30 minutes
6

En 2010, lors de la sortie de King of the Beach (2010), certains emballés avaient déjà canonisé la formation californienne Wavves. Il faut avouer que cette mixture de rock garage, de pop punk et de surf rock « à la Beach Boys » était particulièrement efficace… mais l’enthousiasme démontré à l’endroit de la formation menée par Nathan Williams s’est étiolé au fil des parutions. Même si Afraid of Heights (2013) tenait encore solidement la route, You’re Welcome (2017) a anéanti les ardeurs des fans du groupe.

Hideaway est le premier long format de Wavves en quatre ans. Cette longue pause a permis à Williams de se refaire une santé mentale et physique. À l’époque, le musicien avait été amèrement déçu de l’intervention de Warner dans le processus créatif de V (2015), en plus d’être sous l’emprise d’une consommation excessive d’alcool et de stupéfiants. Il a donc pris la sage décision de retourner vivre chez ses parents renouant ainsi avec le petit local aménagé dans la cour arrière du domicile familial. La vaste majorité des pièces de King of the Beach ont été conçues et enregistrées à cet endroit.

Pour ce retour aux sources, avec Fat Possum Records de surcroît, Williams a confié la réalisation de ce nouvel album à Dave Sitek (TV On the Radio). Il a également rameuté ses potes, Stephen Pope (basse) et Alex Gates (guitare), afin de retrouver l’inspiration des beaux jours.

Hideaway porte sur la maturité acquise, celle qui permet d’accepter sagement le manque d’empathie généralisé de ses semblables. Williams a constaté qu’il est le seul maître du déroulement de ses ruminations et anticipations. Il a surtout pris conscience que personne ne viendra à sa rescousse s’il se laisse submerger par l’incessant flot de pensées nuisibles qui défile dans son esprit… le début de la sérénité et de la véritable liberté.

Toutefois, cet épanouissement ne se traduit d’aucune manière dans cette production. Musicalement, Wavves demeure dans sa zone de confort nous proposant sensiblement la même formule. Si les quatre premières chansons laissent présager le meilleur (Thru Hell, Hideaway, Help Is on the Way et Sinking Feeling), les choses se gâtent à partir de Honeycomb et encore plus avec cette ritournelle de country générique qu’est The Blame. Williams et ses acolytes retrouvent un peu d’énergie avec Planting a Garden (un clin d’oeil au vieux Weezer) pour s’affaisser de nouveau avec la conclusive Caviar ; une sorte de fox-trot qui évoque, par moments, les « slows » emblématiques des années 50.  Du même souffle, le trio nous soumet une pièce-titre totalement réussie (voir le clip ci-dessous) ; une valse garage rock magnifiquement encrassée et interprétée de manière sentie par Williams. L’une des meilleures chansons du répertoire de Wavves.

En résumé, c’est l’inconstance compositionnelle de Williams et ses comparses, combinée à la réalisation lustrée et sans vie de Sitek, qui atténue l’appréciation de ce disque. Hideaway est une création divertissante. Point.

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