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Tadoussac 2021: entrevue avec Bon Enfant et retour sur leur concert

Les vendredi 25 et samedi 26 juin, le super-groupe Bon Enfant donnait un concert extérieur au Festival en chanson de Tadoussac. On a réussi à les attraper pour jaser de leur prochain album Diorama qui s’en vient cet automne et dont ils nous ont offert un agréable aperçu sur scène. Rencontre avec Daphnée Brissette et Guillaume Chiasson.

Étonnant (ou pas?) d’apprendre qu’en seulement un an et demi après la parution de leur premier effort homonyme, Bon Enfant présente un second album. Je dis «ou pas», puisque Guillaume Chiasson et Daphnée Brissette sont des musicien.es prolifiques, puissants, talentueux, polyvalents. Autant sur scène que sur album, le plaisir de jouer est toujours palpable. Je dirais même que Bon Enfant, c’est un «cr**** de gros vibe» !

Entouré.es des musiciens aux carrières bien entamées comme la claviériste Mélissa Fortin (Canailles), le guitariste et bassiste Alex Burger (Câltar-Bateau) puis le batteur Étienne Côté (LUMIÈRE, Laurence-Anne, Nicolet, Canailles), on s’imagine que la créativité n’a pas manqué pas à l’appel pour cette seconde offrande. Bien que tous soient bien occupé.es avec leurs projets personnels, la pandémie a offert une fenêtre idéale au duo de membres fondateurs pour plancher à temps plein sur de nouvelles compositions.

«Avec toute notre tournée estivale annulée, je pense que pour pas sombrer dans la déprime, on a choisi de passer à autre chose tout de suite puis y aller pour un deuxième», spécifie Brissette. « Puis on y pensait déjà, on avait des tounes d’écrites, mais t’sais, la majorité de cet album-là s’est écrit dans notre appartement », complète Chiasson en riant.

Collaborer avec Stéphane Lafleur

Alors que ce dernier a mis sa griffe de réalisateur, technicien de son ou encore de musicien sur plusieurs projets dans les dernières années — notamment avec ses autres formations Jesuslesfilles, The Blaze Velluto Collection et Ponctuation, mais aussi auprès d’autres artistes tels Jonathan Personne, Yoo Doo Right, Double Date With Death, Gab Paquet, Perséide, Millimétrik, Gaspard EdenBrissette elle, s’est concentrée à écrire, écrire… Écrire!

«Moi c’est comme.. J’ai de la misère à mettre ma tête ailleurs quand je suis en mode album, on dirait que ça prend toutes mes pensées de tous les jours, je m’y investis beaucoup. […] J’ai jamais mis autant d’efforts sur des textes que ça», s’exclame l’ancienne meneuse du collectif rock bluegrass Canailles. «J’pense que ça venait aussi beaucoup d’une gêne d’écrire en français puis on dirait que ça se débloque. J’y prends goût, j’adore écrire maintenant.»

Afin de dynamiser son processus d’écriture, Brissette n’a pas hésité une seconde à aller cogner à la porte de l’auteur-compositeur-interprète et cinéaste Stéphane Lafleur (Avec pas d’casque, feu doux). «J’ai mis la barre haute!», ricane-t-elle. C’est une expérience, me confie la chanteuse, qui lui a permis de prendre son temps pour peaufiner au maximum son style.

«Il annotait surtout les forces et les faiblesses [des textes], puis souvent les forces étaient notées de manière vraiment positive, il me tirait beaucoup vers l’avant. C’était super cool d’être coachée. […] Ce que j’aime, c’est que ça me force à prendre mon temps et checker mes affaires. J’veux pas envoyer un texte de merde à Stéphane Lafleur! […] Ça a juste fait en sorte que j’ai mis la gomme, là. Me suis posé bien des questions!»

Selon son comparse, cette technique reste la meilleure manière d’élever le travail d’écriture, peu importe la popularité ou la notoriété de la personne qui pose son regard extérieur sur les textes. «Mais surtout, on veut rester humbles dans notre écriture. On pense pas être les meilleurs, mais on fait juste peaufiner… peaufiner beaucoup», réplique Chiasson.

La création de paroles de chanson n’est toutefois pas le seul talent de Brissette. L’interprète à la voix rappelant les Janis Joplin, Marjo ou Laurence Jalbert de ce monde tient et pousse à la fois la plume et le crayon de couleur. «Je suis illustratrice quand ça me tente, quand je suis de bonne humeur. J’ai vendu mes illustrations pour la première fois durant l’année. C’est l’fun, j’essaie de jongler un peu entre l’album et de faire du visuel.» D’ailleurs, c’est cette dernière qui signe la direction artistique de tout le visuel entourant l’oeuvre de Bon Enfant. Cent pour cent DIY, quoi!

«Y’a quelque chose de l’fun de toucher à tout, de se mettre les mains dans tout ce qu’on fait de nos albums.»

Bon Enfant
Photo : Jay Kearne

Vangelis et fin des années 1970

Si le premier long jeu se présentait comme un heureux mélange «de Fleetwood Mac et de Corbeau» avec Marjo, à quoi peut-on s’attendre du son de ce nouvel album Diorama? À mon sens, si ça s’enligne pour ressembler au nouvel extrait complètement grisant Ciel bleu, ce sera un second coup de circuit pour Bon Enfant.

«Il y a peut-être beaucoup de ça, mais on a écouté tellement d’affaires… Vangelis, c’était comme notre musique de départ», concède Brissette. En spectacle, je n’ai pas eu l’oreille assez fine pour relever l’influence de ce compositeur de musique de film et de New Age dans ces nouvelles compositions que Bon Enfant ont pu casser à Tadoussac.

«Puis on est plus en fin des années 1970 pour nos inspirations, mais bon… Ça navigue beaucoup. On plonge dans les années 90 aussi. […] On ne s’empêche juste pas de faire une chanson dans un certain style si on trouve qu’une esthétique colle à la chanson. On va juste y aller. Mais c’est un beau voyage (rires), assure Chiasson. Souvent on essaie de recréer une époque qui n’existe pas, qui n’a pas existé, et c’est ça qui est le plus intéressant t’sais, de plonger dans des tons…»

Pour Daphnée, les références musicales de Bon Enfant sont «très obvious». «On aime ça de même!» Chiasson abonde dans le même sens. «Ceux qui connaissent un peu la musique s’amusent aussi là-dedans. En jouant avec les anachronismes, ça finit par être une espèce de patente un peu intemporelle.»

Après s’être fait couper l’herbe sous le pied par la pandémie, Bon Enfant tiendra, si tout va bien, deux concerts au MTELUS en octobre, avec Mon Doux Saigneur. Cet été, attrapez-les un peu partout au Québec, vous ne le regretterez pas, car sur scène, cette bande de musicien.nes de feu a de l’énergie à revendre! Le «piton rock» est enfoncé et pas à peu près. Festif, dansant, un must.

Crédit photo: Cloé Gagné

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