Critiques

Richard Ashcroft

These People

  • Cooking Vinyl
  • 2016
  • 52 minutes
3

Richard AshcroftVous vous souvenez de la formation britannique The Verve? Si on vous nomme Bitter Sweet Symphony, ça vous revient? Vous vous rappelez du grand efflanqué qui marchait avec assurance dans le vidéoclip de ce succès planétaire et qui portait élégamment des Clark’s Wallabees? Bon, voilà! Eh bien, la semaine dernière, Richard Ashcroft, après six ans d’absence, revenait à la vie avec un 4e album studio en mode solo intitulé These People. Coréalisé avec l’aide de l’ami Chris Potter, Ashcroft, s’est accointé les services de Wil Malone, celui-là même qui a confectionné de nombreux arrangements orchestraux pour l’ancien groupe du chanteur.

Réglons tout de suite une chose, Richard Ashcroft est un excellent chanteur, pas de doute là-dessus et son talent de compositeur est somme toute à la hauteur. Après autant de temps passé dans l’ombre, on avait certaines attentes quant à ce retour sur disque du bonhomme. On souhaitait une certaine prise de risque et une distanciation de la recette éculée qu’Ashcroft/The Verve nous a concoctée au cours des 20 dernières années.

Le résultat? Décevant et du pareil au même. Ashcroft est totalement prisonnier de son songwriting répétitif. C’est dépourvu de surprises et mélodiquement ennuyeux. L’artiste demeure dans sa zone de confort habituelle. Rien de grave jusque là. Cependant, lorsque l’on désire rester bien douillet dans son petit coin, il faut être en mesure d’écrire de foutues bonnes chansons et sur These People, celles-ci se font rares.

De l’introduction titrée Out Of My Body jusqu’à Everybody Needs Somebody To Hurt, on se retrouve devant sept chansons parfaitement quelconques et ce n’est pas les orchestrations de cordes sirupeuses et les éléments électro-pop (très Coldplay, soit dit en passant) qui arrangent quoi que ce soit. Il y a bien la linéaire, mais mélancolique, Pictures Of You, qui présente le côté vulnérable d’Ashcroft ainsi que la finale plus dynamique qui caractérise Songs Of Experience, pour redorer le blason de cette création, mais c’est à peu près tout.

Fait à noter, Ashcroft est un ami proche du père Noel Gallagher et, idéologiquement parlant, ces monstres du rock britannique ont des liens de filiation très forts. Les deux n’ont aucun désir de se réinventer, préférant remâcher la même recette musicale à perpétuité. On est très loin des semblables Damon Albarn et Gaz Coombes, mettons. Alors, ça donne des disques conçus sur le pilote automatique. Le mélomane averti qui prêtera l’oreille à ce These People ne sera pas dupé par le travail de réalisation qui sert strictement à camoufler l’immense faiblesse des chansons. Un exemple probant? Portez attention à They Don’t Own Me et vous y entendrez un pastiche clair du deuxième grand succès tiré de l’album Urban Hymns (1997) de The Verve, The Drugs Don’t Work.

Ceux qui nous lisent régulièrement savent à quel point l’œuvre récente de Coldplay nous irrite au plus haut point. These People est à peine supérieur à tous ces disques inutiles de la bande à Chris Martin. Ashcroft a du talent, mais il a préféré l’autoparodie et c’est bien dommage.

Ma note: 3/10

Richard Ashcroft
These People
Cooking Vinyl
52 minutes

http://richardashcroft.com/

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