Lee Bannon est un sitedemo.caucteur qui a fait sa marque dans le milieu du hip-hop en s’associant entre autres à deux collectifs: Soul Of Mischief et Hieroglyphics, mais l’artiste est résolument à classer sous la rubrique expérimentale. Souvent comparé à un Brian Eno champ gauche ou encore à Aphex Twin, Bannon s’emploie constamment à brouiller les pistes. L’an dernier, il a fait paraître sa première offrande en mode solo: Alternate/Endings. Il était de retour la semaine dernière avec Pattern Of Excel.

À l’image de la pochette où l’on observe un nageur surréaliste (peut-être un Afro-Américain portant des talons hauts, qui sait?) aux membres désarticulés, la musique de Bannon va dans le même sens. Il propose une musique claustrophobe, étrange, onirique et hermétique, mais renfermant somme toute quelques moments de beauté. Après une première partie très contemplative et dépouillée sur laquelle le musicien y joue des motifs de guitare arpégée/intelligible, mais qui sont triturées synthétiquement (l’homme s’amusant avec un «pitchshifter»), on assiste à un deuxième chapitre un peu plus rythmé qui est superbement lancé avec une sorte de trip-hop ténébreux titré Aga.

Parmi les meilleurs moments recensés lors de ce deuxième acte, Bannon suggère une pièce électro/tribale intitulée Inflatable, un country-folk anormal nommé Disney Girls et une frémissante Memory 6 caractérisée par une ligne de violoncelle; émouvante conclusion. Là où c’est un peu plus difficile, c’est ce qui se déroule au cours de ces huit premiers morceaux qui donnent une impression de coïts musicaux interrompus et successifs, comme si le musicien n’avait pas été au bout de ses idées… c’est franchement un peu trop «ésotérique» à notre goût, si vous voulez notre avis. Un seul instant valable sort du lot: Shallowness In The Root Of All Evil.

Cela dit, ce n’est pas un mauvais disque, loin de là! Pour le mélomane avide de contemplation, ce Pattern Of Excel est un impératif, mais pour l’hyperactif qui cherche constamment à être stimulé, celui-ci est destiné à bayer aux corneilles tant que ce qui est offert par le créateur est clairement minimaliste et anesthésiant. Une question de sensibilité, il va sans dire.

Bref, votre vieux scribe a toujours eu un énorme respect pour ces artistes défricheurs qui n’hésitent pas à déstabiliser l’auditeur… pour le meilleur ou pour le pire! Cependant, ce Pattern Of Excel nous laisse un peu trop souvent indifférents et en ce qui nous concerne, cela constitue un défaut majeur, surtout pour un album de musique expérimentale. Adéquat, mais pas assez vivifiant et surprenant.

Ma note: 6/10

Lee Bannon
Pattern Of Excel
Ninja Tune
41 minutes

https://leebannon.bandcamp.com

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=RdycpLRSKBU[/youtube]