Critiques

Joseph Edgar

Ricochets

  • Ste-4
  • 2016
  • 41 minutes
7

Joseph EdgarFort d’un premier album chez Ste-4 musique, et d’un hit radio inattendu (en tout cas, moi je ne l’avais pas venu venir!) avec la très accrocheuse Espionne Russe, l’Acadien Joseph Edgar nous présentait il y a quelques semaines Ricochets, un sixième (!!!) album en carrière. Entre maturité et frivolité, ce nouvel album démontre l’étendue des talents musicaux d’Edgar et offre les textes les plus criants de vérité de sa discographie. Réalisé judicieusement par André Papanicolaou, Joseph est plus ambitieux sur ces douze nouvelles pièces, autant dans les arrangements et qu’au niveau des mélodies qui misent sur des lignes simples et accrocheuses, tout en essayant de ne pas de recréer son plus gros hit sur douze morceaux, Dieu merci !

Franchement, on ne révolutionnera rien ici. Je ne pense pas que ce soit le but. Edgar est confortable dans ses influences, tantôt dans le folk de la plus pure tradition, tantôt dans le rock des années 80 ou 90, où il puise son énergie, sa fougue et un nouveau souffle. Appel général ouvre le bal, incisive, quoique relativement simple, qui fait penser à Springsteen, ou le meilleur de R.E.M, ou à la limite le rock québécois des années 80-90 à la Vilain Pingouin (ils faisaient du bon stock dans le temps, non?). Fédératrice sans être racoleuse, le premier extrait Braises d’été suit avec son sifflement bon enfant. S’ensuit Light Out (Fille Moderne), ambitieuse ballade vulnérable au refrain bilingue – ou franglais, whatever – qui nous accroche, avec un petit spleen anglais britpop pas piqué des vers.

Plus loin, son amie Lisa LeBlanc vient le rejoindre le temps de la chanson Horizon, duo efficace, mais qu’on aurait peut-être vu dans un arrangement plus rock, quoique le solo en milieu de pièce relève le tout efficacement. Une des meilleures pièces de l’album arrive en milieu de route, une chanson parut sur le premier album de l’auteur acadien, Chanson De Dune (Revisité). Avec ce nouvel arrangement, elle prend des allures grandioses. Plus loin, la rock Overdrive Voodoo est taillée de toute pièce pour la scène des festivals. L’album se ferme sur Mashkoui avec un texte inspirant: «M’a prendre la ruelle me rendre à la rivière/M’a m’bâtir un p’tit canoë pis je vas le glisser sur l’eau/J’vais m’laisser flotter/Fermer mes yeux, boucher mes oreilles/Laisser le vent faire sa job, et me porter conseil.» À force de travailler son art, Edgar passe maître dans l’art de porter de petites histoires toutes simples, et de les rendre intéressantes, convaincantes et attachantes.

Musicalement, c’est techniquement irréprochable. La réalisation texturée de Papanicolaou sied bien au folk-rock d’Edgar et l’emmène juste assez loin pour qu’il ne se dénature pas, mais assez pour voir apparaître de nouveaux horizons. On entend des effluves américains FM ici et là, un peu de claviers ici et là, des guitares lourdes ou douces, et en avant plan, le chant rugueux, carré, tonique et franc de Joseph. Un peu comme faire des ricochets sur le bord d’un lac, ce nouvel album aura le but d’être bien plaisant et apaisant tout en faisant juste assez de vague pour qu’on veule continuer encore plusieurs heures. En attendant, on sera curieux de voir ces chansons vivre en spectacle.

*Sur la scène Bell des Francofolies de Montréal, ce vendredi 10 juin 2016, et le 24 juin prochain pour la fête Nationale dans Villeray, sur la place Castelnau.

Ma note: 7/10

Joseph Edgar
Ricochets
Ste-4 Musique
41 minutes

http://www.josephedgar.ca/

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