Critiques

Goldfrapp

Tales Of Us

  • Mute Records
  • 2013
  • 44 minutes
7,5

goldfrapp-tales-of-us-2013-400x400Goldfrapp, formation menée par l’excentrique et sensuelle Alison Goldfrapp et son partenaire compositeur de la première heure, Will Gregory, nous reviennent décidément en grande forme sur Tales Of Us. Oeuvre empreinte d’une maturité gagnée chèrement au fil d’une carrière que nous pourrions qualifier de bipolaire. Goldfrapp a toujours laissé une drôle d’impression dans sa démarche artistique. Bête à deux têtes, déchiré entre l’electro-pop et un trip-hop inspiré et planant, à chaque parution d’un nouvel album, l’auditeur ne sait absolument pas à quoi s’attendre.

Sur Tales Of Us, on sent un réel désir de revenir aux sources. Étrangement, Goldfrapp a toujours critiqué vertement son premier album titré Felt Mountain; mentionnant ici et là que la sitedemo.cauction était désuète, que leur musicalité n’était pas à point et pourtant! Goldfrapp n’était pas à une contradiction près. Première œuvre prisée par la critique dans un genre réussi et bien livré, Felt Mountain s’avère encore aujourd’hui l’album de Goldfrapp qui passe le mieux le test du temps. Planant, recherché, vocalement impeccable, Goldfrapp avait séduit. S’en est suivi des albums pop bonbon très années ‘80 qui avait causé tout un émoi chez les fans de la première heure, mais qui avait pu séduire de nouvelles oreilles.

Bien sûr, les titres de Goldfrapp dits plus commerciaux paraissaient sur les albums très eighties nommés Black Cherry et Supernature, mais voilà que Goldfrapp revenait à leurs premiers amours en 2008 sur Seventh Tree, œuvre plus organique et contemplative. Force est d’admettre qu’après le désastreux Head First, album soporifique paru en 2010, Goldfrapp sentait la nécessité de revenir à la base: Tales Of Us s’avère être la pièce manquante du triptyque incluant Felt Mountain et Seventh Tree.

Sur Tales Of Us, nous avons droit au meilleur de Goldfrapp: la voix tout en douceur, mais assurée d’Alison, les orchestrations riches et mélodieuses de Will Gregory. Le fan de la première heure s’y retrouvera (pour son plus grand bonheur) en terrain connu. L’admirateur de la «deuxième heure» réalisera à quel point cette formation peut être inspirée et inspirante.

La liste des titres de Tales Of Us ne comporte que des prénoms, présumant ici que Goldfrapp susurre à nos oreilles des histoires au sujet de chacun de ces êtres rencontrés ici et là. L’album ouvre sur Jo, pièce où l’on sent une certaine urgence à laquelle on se laisse aisément porter. Suit la mélancolique Annabel ainsi que la superbe Drew (qui évoque l’album Felt Mountain) de même la planante Ulla, celle-ci jouissant de superbes orchestrations. Notons au passage la richesse des connaissances musicales de Goldfrapp; on cite en exemple l’excellente pièce Alvar, directement inspirée du jeu pianistique de Gérard Jouannest sur la chanson Ces gens-, pièce marquante du répertoire de Jacques Brel. La bande s’en donne à coeur joie sur la mouvementée Thea pour ensuite terminer l’album avec des titres plus minimalistes et intimes faisant toujours place à la voix d’Alison au cœur de leur œuvre.

Tales Of Us se termine avec la pièce Clay qui nous donne le goût de réécouter cet album en boucle et nous laisse espérer pour le mieux au prochain album. De quel côté penchera la bipolarité de Goldfrapp sur leur prochaine offrande? Pop bonbon ou œuvre riche et planante? Seul l’avenir nous le dira!

Ma note : 7,5/10

Goldfrapp
Tales Of Us
Mute
44 minutes

goldfrapp.com/

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