Death Grips
Jenny Death
- Harvest Records
- 2015
- 50 minutes
Quatre ans après sa création et son premier «mixtape» plein d’échantillonnages inattendus (Black Flag, Pink Floyd, Jane’s Addiction) Death Grips ne surprend plus personne. Ce n’est pas une mauvaise chose, mais à chaque sortie d’album, on sait désormais que ce sera toujours complètement différent du projet précédent, tout en étant similaire en ce qui concerne le niveau d’agression. Voici donc ce qui est censé être le dernier album de la formation punk-hip-hop, la deuxième partie de l’album double The Powers That B, entamé l’an dernier avec Niggas On The Moon, disque construit autour de «samples» de la voix de Björk, rien de moins.
Pardonnez mon scepticisme, mais quelque chose me fait dire que ce n’est probablement pas la fin du groupe.
Bon, je constate en relisant mon texte que ce n’était peut-être pas l’idée du siècle de faire la critique de leur supposé dernier album en combattant une gastro.
Le disque décolle en grande pompe avec la pièce I Break Mirrors With My Face In The United States. Déjà, mon cerveau me «pitche» des images de lambeaux de chair barbus et sanglants pendant que Stefan Burnett, alias MC Ride, me hurle dessus qu’il casse des miroirs avec sa face aux États-Unis. Je dois déjà prendre, ce que j’appellerai pour être poli, une pause nausée. Cette écoute ne sera visiblement pas de tout repos.
D’ordinaire, je redemanderais une pleine portion de cette agression à la sauce Atari Teenage Riot que l’on retrouve sur la pièce Turned Off. Dans l’état où je suis présentement, j’ai juste le goût de me coucher en boule en me bouchant les oreilles avec un oreiller. Ça continue de plus belle avec les guitares tonitruantes et la voix de robot de Why A Bitch Gotta Lie, alors que j’aurais juste le goût de me clencher High Violet de The National. Pis encore, je suis sûr que ça réussirait quand même à me lever le coeur.
C’est fou comment l’état de notre corps a une influence directe sur notre façon d’apprécier la musique. Le groupe serait sûrement très intéressé par l’expérience que je m’inflige présentement. Me semble que ça va de pair avec le côté extrême de leur musique. C’est peut-être ça l’enfer sur terre. Mais bon, tant qu’à ne pas être capable de dormir, je persiste.
Pour poursuivre l’aventure, disons simplement que la pièce Pss Pss fait référence au fait d’uriner dans le visage de quelqu’un d’autre et qu’il ne m’en faut pas plus pour une sportive pause nausée.
J’y retourne pour la pièce titre Jenny Death. Probablement une des plus brutales pièces du groupe. La guitare électrique de Nick Reinhart est la principale récurrence de l’album et elle reviendra m’agresser tout au long du reste de cette écoute confuse qui s’apparente plus au cauchemar qu’au plaisir que j’éprouve habituellement à écouter un album d’un tel niveau d’agressivité. Bref, j’ai rarement eu autant l’impression de me battre avec un disque.
À réécouter après avoir dormi et mangé pour éviter d’avoir l’impression d’être vaincu, terrassé, meurtri, détruit.
Ouais. Je suis sûr que demain je l’adorerai.
Ma note: 8/10
Death Grips
Jenny Death
Third Worlds/Harvest
50 minutes
[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=cinJDxLUsNY[/youtube]