Critiques

Dan Mangan + Blacksmith

Club Meds

  • Arts & Crafts / City Slang Records
  • 2015
  • 46 minutes
7

Dan Mangan + Blacksmith - Club MedsDan Mangan: auteur-compositeur-interprète résident de Vancouver, gagnant de deux prix Juno (récompensant les artistes musicaux canadiens les plus méritoires) et également sélectionné deux fois sur la longue liste du prix Polaris. Blacksmith: groupe canadien mené par Jesse Zubot; un proche collaborateur de Mangan. Aujourd’hui, les deux entités s’unissent afin de nous présenter un Club Meds réalisé par Colin Stewart, celui-là même qui avait travaillé sur le précédent effort de Mangan, Oh Future, paru en 2011.

Ceux qui affectionnent l’univers de Grizzly Bear seront particulièrement comblés par ce disque volontairement dense au niveau des arrangements et à d’autres occasions labyrinthiques en ce qui concerne les structures chansonnières. L’apport musical de Blacksmith est à souligner en caractère gras et les chansons de Dan Mangan s’en trouvent fermement enrichies. Guitares arpégées, claviers d’ambiance, folk mélancolique à la Junip, mélodies évoquant parfois Guy Garvey de la formation britannique Elbow, moments musicaux remémorant de temps en temps la bande à Thom Yorke. Dan Mangan, accompagné par Blacksmith, réussit à singulariser sa musique, et ce, malgré les évidentes références mentionnées précédemment.

Ce Club Meds est une création mélancolique qui ne flirte jamais avec le pathos. Ce n’est jamais boursouflé et l’interprétation assez modérée de Mangan crédibilise les moments cafardeux de l’album. On pense à la très Radiohead titré A Doll’s House/Pavlovia. Un morceau épuré, tout en retenue, magnifiquement incarné par le chanteur. Dan Mangan est un songwriter doué. Pas de doute là-dessus, mais la formation Blacksmith (inconnue de votre vieux schnock) fait un travail remarquable, démontrant un «musicianship» incomparable, sitedemo.caiguant des orchestrations aussi minutieuses qu’émouvantes.

Légère incartade? Peut-être la considérable affection que Dan Mangan + Blacksmith porte à la formation Grizzly Bear, notamment à l’égard du jeu de guitare qui ressemble à s’y méprendre au travail du groupe new-yorkais. Ça pourrait agacer certains mélomanes plus exigeants, mais rien qui vient amenuiser l’appréciation de ce Club Meds.

L’album débute en force avec six pièces de luxe: Offred, Vessel, Mouthpiece, A Doll’s House/Pavlovia (mentionné auparavant dans le texte), la ténébreuse Kitsch et l’émouvante XVI… avec l’impression d’assister à l’avènement d’un grand disque. Cependant, l’efficacité s’amenuise en fin de parcours, mais Mangan/Blacksmith parvient à tirer son épingle du jeu sur Forgetery (mélodie imparable) ainsi que sur la pièce titre Club Meds, sur laquelle Mangan vocalise un peu à la manière de Micah P. Hinson (artiste folk tristounet à découvrir).

Oui, 2015 démarre sur des chapeaux de roues avec ce Club Meds! Sous la férule de Blacksmith, Dan Mangan passe à l’échelon supérieur. Voilà un album qui aurait pu obtenir une note plus élevée, n’eût été la trop grande influence de Grizzly Bear. Ça demeure une conception sonore qui devrait accompagner nos froides et introspectives journées d’hiver à venir. Un disque aussi bouleversant que réconfortant.

Ma note: 7/10

Dan Mangan + Blacksmith
Club Meds
Arts & Crafts/City Slang
46 minutes

danmanganmusic.com

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