Viet Cong + Preoccupations
Viet Cong
- Flemish Eye
- 2015
- 38 minutes
La genèse du groupe Viet Cong est un peu trouble. En 2010, Women, groupe d’art rock, se sépare suite à une bagarre sur scène. Par la suite Matt Flegel (voix et basse) a rencontré Scott Munro (guitare et synthé) alors qu’ils faisaient tous les deux partis du groupe de tournée de Chad VanGaalen. Pendant un séjour en Allemagne, les deux ébauchent ce qui deviendra Viet Cong. Puis, ils en parlent à leur ami et ex-guitariste de Women, Christopher Reimer, mais celui-ci meurt dans son sommeil en 2012. Cela a l’effet d’un choc pour les deux survivants.
Ils en viennent à la conclusion que la vie est courte et qu’il vaut mieux ne pas remettre à demain ce qu’on peut faire aujourd’hui. L’urgence s’installe. Ils contactent Mike Wallace qui était batteur pour Women et Danny Christiansen qui jouait dans un groupe hommage à Black Sabbath avec Flegel et Wallace. Et voilà, Viet Cong est né. Une cassette qui fait bien du bruit et une performance remarquée à SXSW plus tard, le groupe de Calgary a su créer un buzz. Est-ce que tout le battage est mérité?
Eh bien oui! Le premier album de la formation fera plaisir aux oreilles qui affectionnent le rock marginal. Viet Cong, c’est une bonne dose de punk, une bonne dose de bruit, une bonne dose de mélodie, une bonne dose d’effets de guitare, une bonne dose de flegme mélangé dans une marmite «post-tout ce que tu veux». Continental Shelf, un des premiers extraits à être paru, constitue un bon exemple, car il contient absolument tous ces ingrédients dans une proportion parfaite. C’est un plaisir auditif garanti.
Flegel se débrouille très bien, autant à la basse que derrière le micro où il fait parfois penser à Paul Banks dans ses meilleurs moments avec Interpol. On le remarque particulièrement sur Pointless Experience. Cette dernière nous montre aussi tout le talent de Wallace derrière les tambours. Celui-ci segmente, syncope et varie ses rythmes avec une habileté impressionnante.
Le côté plus rock de la formation se manifeste sur l’accrocheuse Bunker Buster et la fougueuse Silhouettes tandis que le côté expérimental prend l’avant-scène sur March Of Progress et Newspaper Spoons. Peut-être est-ce en hommage à leur ami décédé que la formation clôt la marche avec les onze minutes de Death, pièce-fleuve délicieuse jusqu’à la dernière note?
Viet Cong débarque avec un premier effort qui fera des vagues et qui séduira bien des oreilles averties. Il y a chez le groupe de Calgary un magnétisme difficile à expliquer par moments. L’amateur de post-punk rock y trouvera un réconfort déstabilisant. Si Viet Cong a été cristallisé par la mort d’un être cher, aujourd’hui il célèbre la vie avec une passion ardente.
Ma note: 8,5/10
Viet Cong
Viet Cong
Flemish Eye
38 minutes
[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=hdMz7BUtOvk[/youtube]