Critiques

King Tuff

Black Moon Spell

  • Sub Pop Records
  • 2014
  • 40 minutes
6,5

10537146_588048401315487_1886622541487484085_n-320x320En 2012, King Tuff, alias Kyle Thomas, faisait paraître un éponyme aux effluves rock graisseux reluquant particulièrement chez Marc Bolan (T.Rex); une sitedemo.cauction faisant nettement appel aux couilles plutôt qu’à la tête. Cette semaine notre «King» revient à la charge avec un Black Moon Spell alliant garage rock, glam rock seventies et power pop. Réalisé par Bobby Harlow, de la formation rock psychédélique nommé The GO, ce quatrième rejeton emprunte toujours autant à T.Rex de même qu’au New York Dolls; plus particulièrement à Johnny Thunders.

Comme vous pouvez le constater, Thomas n’est pas venu au monde pour réinventer le rock, mais plutôt pour perpétuer une certaine tradition rock déjà vue et déjà entendu. King Tuff se sert de sa musique afin de promouvoir un mode de vie rock’n roll ponctué d’excès de toutes sortes. On note au passage un invité de marque sur Black Moon Spell: l’ami Ty Segall qui s’agite sur les fûts sur l’excellente Headbanger; un moment fort de cette création.

Ceci dit, est-ce que cette offrande atteint les standards du précédent effort? À peu de choses près, on est dans l’affirmative, à la seule différence que Kyle Thomas est définitivement moins opérant mélodiquement parlant. Musicalement ça rock carré et ça rock adéquatement, mais c’est au niveau des inflexions vocales que le bât blesse, gâchant ainsi une appréciation qui aurait pu s’accentuer. Les hymnes à la Anthem (quelle blague subtile quand même!) et Hit & Run sont inexistants et ce sont ces chants fédérateurs qui propulsaient King Tuff à niveau plus prestigieux. Rien de tout cela sur Black Moon Spell.

En contrepartie, Thomas est constant, fonctionnel et efficace dans son songwrting, ce qui fait que l’on s’ennuie rarement au fil des écoutes. Bref, les chansons sont persuasivement au rendez-vous. En plus d’une fuzzée Black Moon Spell, King Tuff nous balance une jouissive Headbanger (avec l’invité de marque mentionné précédemment), une Beautuful Thing évoquant les Replacements, une Demon From Hell constituant une rencontre entre les Ramones et les New York Dolls, une Black Hole In Stereo remémorant I Fought The Law (version Clash), une Eddie’s Song tout ce qu’il y a de plus garage rock, une divinement power pop intitulée Eyes Of The Muse ainsi qu’une Rainbow’s Run dont le riff d’introduction fait sérieusement penser à Highway To The Sun du cinglé Julian Cope; morceau paraissant sur l’excellent 20 Mothers (disque que je conseille à tous les authentiques «poteux», aficionados de rock).

Quand la plupart des autres créateurs chansonniers rock se tournent vers des sonorités synthétiques ou encore vers des réalisateurs «à la mode» spécialisés dans les sitedemo.cauctions lustrées, satinées et lisses, il fait bon de voir un jeune musicien rock qui, sans être avant-gardiste (tant s’en faut), s’évertue à conserver intact un certain esprit rock’n roll élémentaire, ludique et fêtard. Les adeptes de King Tuff seront comblés par ce rock fondamental qui revendique haut et fort ses ascendants.

Ma note: 6,5/10

King Tuff
Black Moon Spell
Sub Pop
40 minutes

www.kingtuffworld.com

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