Critiques

Fuck Toute

Fuck Toute

  • GBS Records REC REC Records
  • 2016
  • 26 minutes
8
Le meilleur de lca

Fuck TouteL’idée de départ était déjà brillante. Nommer son groupe en récupérant un slogan de graffiti médiatisé lors d’une énième manifestation inutile typiquement québécoise. Ensuite, faire imprimer des t-shirts en modifiant légèrement le logo de Black Flag pour le transformer en doigt d’honneur. Puis, «backer» le tout avec la musique la plus agressive qu’il soit en son pouvoir de sitedemo.cauire. Fuck Toute est débarqué au début de 2015 avec son premier démo et c’est depuis ce temps-là qu’on attendait impatiemment la suite.

Si par hasard vous faites la connaissance de François Gagnon, vous allez probablement trouver que ce grand brun au sens de l’humour aigu est un type fort sympathique et top d’adon. Vous ne vous douterez certainement pas que derrière son allure relaxe se cache un monstre colérique qui exprime ses frustrations en hurlements puissants au sein d’un groupe de punk ascendant grindcore. C’est ça qui est le fun avec l’art. Il permet de canaliser les pulsions destructrices afin d’en faire quelque chose de constructif. Je ne pense pas que ce même François irait tirer du gun dans une école s’il n’avait pas la musique, mais je suis pas mal sûr qu’il sort d’une pratique avec ses comparses en se sentant exactement comme quelqu’un qui vient de terminer sa séance hebdomadaire de yoga chaud.

Pour la partie historique de la chose, il faut dire que Gagnon et Jonathan Bigras (aka le drummer de 90% des bands rock qui headlinent la majorité des festivals d’ici) entretiennent une longue histoire d’amour avec le punk qui décape. Les deux sont des membres fondateurs de feu Les Guenilles, band culte et essentiel de la scène punk montréalaise. Bigras est capable de jouer dans n’importe quel band de n’importe quel style, mais il finit toujours par revenir à ses premiers amours, semble-t-il.

Parce que Fuck Toute, c’est réellement le prolongement des Guenilles. Énergie très semblable et textes toujours aussi belliqueux en prime. Il n’y a que la constance de l’agression qui augmente avec le temps à défaut de diminuer, mettant ainsi les gars (David Horan et Maxime Gouin s’occupent des cordes au sein du groupe) dans le même panier que Phil Anselmo et Converge. Plus ils vieillissent, plus ils en ont à découdre avec le monde entier.

C’est donc un premier opus livré sous le signe du nihilisme et de la désillusion que le quatuor nous offre avec son album éponyme. Normal pour un band ainsi baptisé, me direz-vous. Effectivement. Ça décape, ça décoiffe, c’est cru, ça dérange, c’est suffocant et c’est pas pour les oreilles vierges ou facilement offensées. Difficile de déchiffrer les paroles de François à la première écoute. Quand on y arrive, le constat n’est pas rose et des textes comme celui de Overdose-Suicide ou Normal dans le néant seraient profondément déprimants s’ils étaient accompagnés d’une guitare acoustique. C’est le côté défoulatoire de l’opération qui lui donne son charme irrésistible. Ça et le fait qu’il existe encore trop peu de groupes francos dans le créneau du turbo-abrasif.

Mais bon, pas besoin d’essayer de vous convaincre davantage. Si vous aimez pas ça, allez donc écouter la toune J’ai d’quoi à te dire.

*Psst! Le lancement de l’album a lieu ce vendredi 21 octobre à l’Escogriffe avec Benzoid et Teen Seizure!

https://www.facebook.com/events/1205902856097498/

MA NOTE: 8/10

Fuck Toute
Fuck Toute
GBS Records
REC REC Records
26 minutes

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