Critiques

The Dears

The Dears – Times Infinity Volume 2

  • Paper Bag Records
  • 2017
  • 41 minutes
7

En 2015, quatre années après le potable Degeneration Street, la formation montréalaise The Dears revenait à la vie avec Times Infinity Volume 1; un disque contrastant par rapport aux parutions précédentes, une sitedemo.cauction peu plus lumineuse… et dans le cas des Dears, ce n’est certainement pas une naïve joie de vivre qui caractérise l’œuvre du groupe, tant s’en faut. Menée de main de maître par Murray Lightburn et bien appuyée par Natalie Yanchak, la formation a dû vivre avec d’incessants mouvements de personnel à la suite de la parution de Degeneration Street.

La semaine dernière, les Dears faisaient paraître la deuxième partie de ce Times Infinity. Les deux chapitres ont tous été enregistrés à la fois au Revolution Recording de Toronto ainsi qu’au Hotel2Tango de Montréal entre 2013 et 2015. Si le premier tome explorait les sempiternels thèmes du désir malsain et des amours troubles, celui-ci poursuit dans la même veine, mais avec un je-ne-sais-quoi de plus ténébreux et mélancolique… ce qui réjouira assurément les fans de la première heure.

Ceux qui connaissent bien The Dears se souviennent de l’explosivité rock de certaines de leurs chansons; Lost In The Plot (morceau de bravoure paru sur No Cities Left) en tête de liste. La version modernisée des Dears est beaucoup plus posée, mais toujours intéressante. Les textes tourmentés de Lightburn et ses mélodies à fleur de peau sont aujourd’hui bonifiés par l’apport de cordes somptueuses, de claviers « années 80 », de clavecin et, même si le rock est confiné en arrière-plan, les orchestrations « romantico-baroques » proposées viennent admirablement étayer le propos.

Musicalement, on se retrouve positionné entre l’éternel ascendant des Smiths (la voix de Lightburn et celle de Morrissey… même combat !), et une certaine influence de Radiohead. Nothing Is In It For Me, Nothing Is In It For You et All The Hail Marys évoquent parfaitement le son de la bande à Thom Yorke à la fin des années 90 avec, bien sûr, une optimisation orchestrale. Et ce qui différencie ce segment du précédent, c’est aussi l’apport vocal plus important de Natalie Yanchak qui agit comme principale chanteuse sur deux pièces : Taking It To The Grave et I’m Sorry That I Wished You Dead. Elle accompagne aussi Lightburn de manière plus accentuée sur quelques chansons.

Parmi les autres faits saillants de l’album, j’ai adoré la conclusive End Of Tour sur laquelle Lightburn exprime sa dépendance affective avec une sincérité désarmante : « Please don’t go / I can’t face this world without you ». Of Fisticuffs fait aussi office d’électrochoc dans un album parfaitement spleenétique.

Je conseille donc aux jovialistes hyperactifs de fuir cet album à toute jambe. Vous allez vous emmerder royalement, mais pour celui ou celle qui a envie d’une bonne dose de rock romantique et poignant, le volume deux de ce Times Infinity est réussi. Si les Dears avaient voulu colliger les meilleurs moments de ces deux disques, on aurait probablement eu droit à une oeuvre plus bourrative. Réparti sur deux albums, le résultat est quelque peu édulcoré. Les Dears font partie de ces artistes qui ne connaîtront jamais un rayonnement plus accentué pour toutes sortes de raisons inexplicables. Au risque de me répéter, voilà un groupe nettement sous-estimé par rapport à certains de leurs semblables montréalais…

Ma note: 7/10

The Dears
Times Infinity Volume 2
Paper Bag Records
41 minutes

https://thedears.org/