Critiques

Yoko Ono

Yes, I’m A Witch Too

  • Minimal Records
  • 2016
  • 70 minutes
7,5

Yoko OnoLa vénérable Yoko Ono, âgée aujourd’hui de 83 ans, est toujours active et bien vivante. La veuve de l’immense (et pas toujours commode, semble-t-il) John Lennon a mené une carrière inégale, mais toujours marquée du sceau de l’avant-gardisme et de la différenciation. Je ne peux que respecter la démarche et l’esprit anticonformiste qui anime l’artiste. En 2013, elle avait fait paraître un fort potable Take Me To The Land Of Hell, un disque touchant.

En 2007, Yoko Ono avait également lancé une création collaborative où des musiciens de renom avaient remixé et trituré des pièces tirées du foisonnant catalogue de la chanteuse. Ça s’intitulait Yes, I’m A Witch, disque sur lequel ont participé Peaches, Le Tigre, les Flaming Lips, Porcupine Tree et autres importantes pointures de l’indie rock international. La semaine dernière, la doyenne présentait la deuxième mouture de ce projet titré Yes, I’m A Witch Too. Aussi simple que ça.

Cette fois-ci, se joignent à Yoko Ono, des artistes tels que Peter, Bjorn And John, Death Cab For Cutie, Portugal The Man, Moby, pour ne nommer que ceux-là. Le principe est le même… et le résultat est tout aussi intéressant! Ce qui aurait pu devenir forcément une sitedemo.cauction faisant office de remplissage se transforme en une suite haletante, diversifiée et étonnamment cohérente, et ce, grâce à ce grain de voix si singulier de Yoko Ono.

On alterne ici entre électro, pop, rock, psychédélisme et chansonnette pianistique avec une facilité déconcertante. Ça coule de source! En plus d’être une éloquente anthologie de la carrière de Yoko Ono, les collaborations insufflent à ces pièces un second souffle qui magnétise l’auditeur. Yes, I’m A Witch Too est totalement divertissant. C’est bon du début à la fin.

Dans la catégorie rock, le travail effectué par Peter, Bjorn And John dans Mrs. Lennon est digne de mention (particulièrement les moments dissonants). L’excellente Coffin Car avec Automatique, qui met de l’avant une rythmique martiale, fait aussi partie des incontournables de cette conception sonore. Move On Fast, avec Jack Douglas, est également un bon rock énergique.

L’intro orchestrale titrée Walking On Thin Ice, gracieuseté de Danny Tenaglia, est à couper le souffle, la pianistique Give Me Something en collaboration avec Sparks est jouissive et le fils Lennon, Sean de son prénom, fait de la bonne besogne dans Dogtown. Hell In Paradise, qui conclut la galette et qui met en vedette le chauve Moby, constitue une agréable surprise, aussi éthérée que dansante.

Yes, I’m A Witch Too est une superbe modernisation du corpus chansonnier de Yoko Ono; une belle manière de revisiter l’œuvre musicale de cette artiste plus grande que nature. Qu’on l’aime ou non, elle n’a jamais craint de sortir des sentiers battus. En remettant ses chansons dans les mains de créateurs aussi respectés, ça en dit assez long sur l’ouverture d’esprit et le jugement artistique sûr dont elle sait faire preuve. Je rappelle une nouvelle fois qu’elle a 83 ans. Mes respects madame Ono.

Ma note: 7,5/10

Yoko Ono
Yes, I’m A Witch Too
Minimal Group
70 minutes

http://imaginepeace.com/

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