Critiques

Yeasayer

Amen & Goodbye

  • Mute Records
  • 2016
  • 40 minutes
6

YeasayerYeasayer a plus de dix ans de carrière au compteur. La formation expérimentale de New York a beaucoup changé depuis les premières notes de All Hour Cymbals. Ils ont tranquillement laissé de côté les trames syncopées pour se concentrer sur de solides harmonies vocales qui sont couchées sur des rythmes atypiques.

Pour ce quatrième album, le groupe voulait faire les choses différemment. Ils ont enregistré la majorité du matériel en direct, jouant les trois ensembles, pour ensuite y aller de quelques ajouts lors de sessions subséquentes. Cela explique «l’atypique» quatre ans qui sépare cette sortie de Fragrant World. Il faut dire qu’un ouragan ayant causé des fuites d’eau dans leur studio a endommagé quelques prises qu’ils avaient faites. Cela les a obligés à réenregistrer une partie du matériel.

On sent que la formation se concentre de plus en plus sur les harmonies vocales et les airs mélodieux. Ils sont de moins en moins fougueux. On ne ressent plus la nervosité et l’urgence des deux premiers albums, ceux-ci caractérisés par des changements abrupts et surprenants qui les rendaient si charmants. I Am Chemistry est l’une des pièces les plus éclatées de Amen & Goodbye, mais on est très loin de ce qui prévalait dans le passé. On y trouve tout de même une belle progression qui passe d’un moment instrumental à la Ratatat, mais en plus vaporeux et qui fait place à un chœur féminin accompagné d’un piano. C’est l’un des plus efficaces et plaisants moments que nous offre le groupe américain sur cette nouvelle galette.

On y retrouve aussi quelques moments où Yeasayer replonge dans les sonorités orientales comme sur la mélodieuse Half Asleep, mais c’est à moitié convaincant. On ne retrouve aucune urgence dans la voix et on a même l’impression qu’une certaine complaisance s’est installée dans les compositions du groupe. Gerson’s Whistle donne la même impression. Ce n’est pas totalement mauvais, mais on est loin du génie des débuts.

Certaines chansons, comme Divine Simulacrum, donnent toujours espoir quant aux capacités du groupe à se réinventer. La trame dépouillée, accompagnée de l’intoxicante mélodie vocale, est efficace à souhait. Mais bon, on y retrouve aussi l’imbuvable Uma qui manque cruellement de personnalité.

Dans l’ensemble Amen & Goodbye n’est pas un échec total, mais ne sera certainement pas l’album de Yeasayer qui passera à l’histoire. Le trio sait toujours composer brillamment, mais semble trop confortablement assis dans ses pantoufles pour réellement nous surprendre. Les pièces manquent un peu de piquant et d’énergie. Bref, c’est correct. Sans plus.

Ma note: 6/10

Yeasayer
Amen & Goodbye
Mute Records
40 minutes

http://www.yeasayer.xyz/

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