Critiques

Whitney

Forever Turned Around

  • Secretly Canadian
  • 2019
  • 32 minutes
6

Né des cendres de la formation chicagoaine Smith Westerns, le duo Whitney est formé à la base de Mark Kakacek et de Julien Ehlrich (Unknown Mortal Orchestra) auquel se greffent des instrumentistes différents selon les besoins sonores du tandem.

En 2015, l’album Light Upon the Lake, réalisé par Jonathan Rado (Foxygen), avait fait un tabac auprès de la presse spécialisée. Proposant une sorte de soft-rock très influencée par les années 70 – rien d’étonnant avec Rado derrière la console – le groupe a présenté alors un disque enjoué et insouciant… qui avait objectivement plu à l’auteur de ces lignes, sans être renversé comme plusieurs à l’époque.

Après quatre ans d’absence, Whitney revient cette semaine avec son deuxième album en carrière : Forever Turned Around. Enregistrée dans une maison familiale située dans l’état du Wisconsin, et dans le studio de Justin Vernon (Bon Iver), l’aventure s’est achevée à Chicago, dans le sous-sol du guitariste invité Ziyad Asrar. La formation est complétée par le claviériste Malcolm Brown, le guitariste Print Choteau et le bassiste Josiah Marshall.

Cette fois-ci, Whitney présente un son nettement plus ample en plongeant un peu plus dans le folk-rock, pour un résultat qu’on pourrait qualifier de country-soul « groovy ». Encore une fois, Rado fait un excellent travail à la réalisation. Le son général est d’une netteté impressionnante, et ce, malgré l’approche moins intime des nouvelles chansons. Musicalement, c’est réussi.

Mais il y a un mais… En dépit de cette musique franchement passéiste, mais magnifiquement exécutée, l’approche vocale, en mode falsetto, du chanteur Julian Ehlrich nous laisse de marbre. On note un manque de variations mélodiques qui agace sérieusement au fil des écoutes. De plus, l’interprétation maniérée du vocaliste nous semble quelque peu insincère. Et ça donne un disque assez superficiel.

Forever Turned Around souffre d’un manque d’excès, de ferveur ou d’intensité pour pleinement plaire à l’auteur de ces lignes. Certains critiques ont affirmé que ce nouvel album de Whitney pourrait ravir la pole position de l’album soft-rock de l’année au détriment du plus récent Weyes Blood (Titanic Rising)… On pourrait en débattre longtemps. Cela dit, ce n’est pas un mauvais disque, mais de là à canoniser Whitney, il y a une marge qu’on hésite à franchir.

Il y a quand même quelques bons moments « camomilles » dans ce disque. L’extrait Giving Up, un brin orchestral, est réussi. Valleys (My Love) est du même moule que Giving Up et ça fonctionne très bien. L’instrumental Rhododendron fait office de pause salutaire à la mi-parcours. My Life Alone a des airs de Smith Westerns et la pièce-titre conclut paisiblement l’album. Cependant, on se serait bien passé de l’exaspérante Song for Ty.

Encore une fois, Whitney nous offre un album bien ficelé, intéressant pour la qualité de la réalisation, mais la performance vocale linéaire d’Ehlrich et l’asthénie généralisée des chansons de ce Forever Turned Around nous ont empêchés d’embarquer totalement dans cette offre musicale foncièrement nostalgique.

Natalie Mering peut dormir tranquille.

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