Critiques

Vulgaires Machins

Disruption

  • Costume Records
  • 2022
  • 34 minutes
8
Le meilleur de lca

C’est un retour sur album qui était attendu. Les punks-rockeurs de Vulgaires Machins ont marqué le paysage musical québécois avec leur critique de la masse et des écarts du capitalisme qui laisse toujours dans son sillage des « corps à compter ». Le groupe était en pause depuis quelques années. En 2012, après une tournée acoustique, la formation s’est donné de l’air pour faire autre chose. Pendant ce temps, Guillaume Beauregard et Marie-Ève Roy ont créé chacun de leur côté. Au travers des années, il y a eu quelques apparitions de la VM, mais le réel retour, il se fait ici et maintenant avec Disruption, le huitième album studio de la formation.

Si par le passé, Vulgaires Machins s’est fait reconnaître pour sa colère envers les iniquités, sur Disruption, le ton change un peu. Pas complètement, il y a un fond de hargne qui reste dans le ton de Guillaume Beauregard et Marie-Ève Roy, mais on sent que la paire d’auteurs sent la désillusion prendre le dessus. Dans une entrevue avec le collègue Philippe Renaud du Devoir, les deux membres de VM ne s’en cachent pas, c’est un album pour lutter contre l’envie de tout abandonner.

On sentait la mélancolie qui accompagne les constats d’échec dans les deux premiers simples que le groupe a partagés. Que ce soit Je lève mon verre, qui cherche à célébrer ce qui marche dans un « slow » électrique, et davantage encore sur Asile qui, elle, met carrément en mot que tout semble irréel par moments. Il y a quand même dans cette pièce une des plus belles perles poétiques de l’album :

Le paysage est peut-être laid
Mais la pub est tellement sublime
Que j’vendrais mon jardin secret
Pour me faire un plus gros parking

Asile

Peut-être que Vulgaires Machins est déprimé de la situation, mais il trouve des moyens sublimes de nous l’expliquer. Une des choses qui marque sur Disruption, c’est la plus grande place que prend Marie-Ève Roy. Ça sourit à la formation. Ça donne la mélodie intoxicante du refrain d’OK, qui est poignante. Les voix de Beauregard et Roy s’entremêlent à nouveau pour le plaisir de nos tympans à plusieurs occasions sur l’album. À chaque fois, ça frappe fort. C’est aussi le cas sur la punk Liberté, une salve frontale destinée à certains « intellectuels » qui scandent le mot comme porte-étendard cachant un individualisme crasse.

Vulgaires Machins n’a rien perdu de son talent pour construire des refrains qui restent pris dans les oreilles. C’est aussi le cas sur Obslète qui tourne la caméra vers soi pour se demander : coudonc, est-ce que je suis encore compatissant envers les autres? Une question que plusieurs se sont posée pendant la pandémie alors que certains de nos amis et connaissances étaient soudainement des experts de la santé publique prêts à suivre le docteur Raoult et les autres charlatans en sarrau.

Disruption, ne fait pas dans la dentelle, c’est un album qui va droit au but avec ses onze chansons qui frôlent les 34 minutes trente. En écoutant l’album, on a l’impression que beaucoup de choses ont changée en 15 ans pour les Vulgaires Machins et pas tant que ça à la fois. Si le ton a changé un peu, ce qui faisait que ça marchait est encore là. Il y a deux ou trois chansons un peu plus faibles, comme Jusqu’à l’aurore, mais même là, les textes sont de qualité.

C’est un huitième album qui vaut le détour pour les Vulgaires Machins qui réitèrent leur pertinence à coup de refrain punk rock efficace, de paroles qui mettent en avant les travers de la société et de belles instrumentations.

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