Critiques

Underoath

Erase Me

  • Fearless Records
  • 2018
  • 40 minutes
7,5

On va se le dire, Underoath a connu son heure de gloire avec le triptyque They’re Only Chasing Safety, Define the Great Lines et Lost in the Sound of Separation, ce dernier étant le plus audacieux et achevé album du groupe « screamo » de Floride.

Il y a déjà dix ans que cet album est paru. Je me souviens d’avoir été chaviré par l’assurance renouvelée du groupe, dès les premiers pas de Breathing in a New Mentality. Les atmosphères lourdes, stressantes, puisées dans l’industriel et la maîtrise de leur post-hardcore hautement émotif ont permis à Underoath d’atteindre son paroxysme.

Mais Aaron Gillepsie, le batteur et deuxième chanteur, celui auquel on attribue la voix claire, quitte le navire après la tournée. Après un album moyen et des compilations réparties sur huit ans, l’alignement des beaux jours est réuni avec Gillepsie de retour à bord. Résultat : l’inattendu Erase Me.

Et vous savez quoi ? C’est bien flanqué en tabouret que ce nouvel album. On y retrouve tout ce qui a fait la force d’Underoath, il y a une décennie, le tout enrobé dans une réalisation signée Matt Squire (Katy Perry, Sum 41, One Direction… ok?!), mais surtout, un mix du grand Ken Andrews (Failure). Les inquiétantes transitions « technoïdes », les riffs syncopés, les voix écorchées omniprésentes, les balades lugubres et les « power refrains » cathartiques, tout y est.

Bon, j’imagine ici que si vous n’avez jamais été perméable à la manière Underoath, vous ne le serez pas davantage avec cette synthèse d’idées qui ont fait leur âge d’or. Mais il s’agit, je le répète, d’un album bien équilibré, écrit par des gars qui n’ont plus rien à prouver et qui jouissent d’une liberté qu’ils n’avaient pas il y a 10 ans. À titre d’exemple, Gillepsie et Spencer Chamberlain (chant) avaient respectivement 24 et 25 ans quand est sorti Lost in The Sound of Separation.

Il y a sur ce Erase Me de grands moments, donc. Comme Sink With You, On My Teeth, Hold Your Breath et It Has To Start Somewhere notamment, qui rappellent les beaux jours.

Mais il y a aussi des morceaux hautement fromagés comme Rapture et Waste Me. Ceux-ci s’intègrent quand même harmonieusement à la proposition d’Erase Me, même si, ouf, on y entend les dérives du emo radiophonique. Mais bon, c’est bien fait… mettons.

Mais pour finir, il faut souligner la qualité de l’effort pour un retour sur disque après huit ans de hiatus. On sent que les gars se sont retrouvés pour les bonnes raisons, ravivant les énergies qui ont fait d’eux un groupe de tête de proue du post-hardcore « émotif ».

 

Au hockey on dit souvent d’un vétéran qu’il lui reste une couple de bonnes saisons dans le corps, alors voilà, il reste à Underoath, comme les Eric Staal de la musique, une couple de bons albums à produire.