Critiques

Toy

Happy in the Hollow

  • tough love
  • 2019
  • 48 minutes
7

Trois ans après le décevant Clear Shot, le groupe britannique TOY est de retour avec son rock psychédélique qui mélange envolées cosmiques et refrains pop accrocheurs. Sauf que la troupe élargit ses horizons sur Happy in the Hollow, qui lorgne du côté de la folk expérimentale et du krautrock. Le quintette y perd en énergie et en puissance, mais y gagne en subtilité, pour un résultat somme toute satisfaisant.

La première chose qui frappe à l’écoute de ce quatrième opus du groupe originaire de Brighton est son approche nuancée, comme si Tom Dougall et ses acolytes n’avaient pas senti le besoin d’en mettre plein les oreilles. Il faut peut-être y voir un lien avec le fait que l’album a été réalisé par la formation elle-même. Il en résulte un équilibre entre la quête de l’exploration et le désir d’offrir un rock accessible.

Sur le précédent Clear Shot, la formation avait visiblement souffert de la perte de la claviériste Alejandra Diez, qui y était pour beaucoup dans les bidouillages sonores et les synthétiseurs délirants qui faisaient la particularité de TOY dans cette vague néo-psychédélique ayant déferlé sur la planète indie depuis le début des années 2010. Le groupe avait alors délaissé son côté exploratoire pour une approche beaucoup plus directe, plus simpliste et moins ambitieuse, avec un résultat mitigé.

Happy in the Hollow s’ouvre sur Sequence One, un morceau assez typique de TOY, porté par la batterie métronomique de Charlie Salvidge et la basse précise de Maxim Barron, le tout enrobé de guitares aux couleurs post-punk. La rythmique hypnotique est efficace, même si on n’atteint pas l’intensité de la délirante Conductor, qui ouvrait l’excellent Join the Dots, deuxième album du groupe paru en 2014.

Il faut attendre la troisième chanson de l’album, Energy, pour que TOY atteigne sa vitesse de croisière. Encore une fois, les guitares se révèlent d’inspiration post-punk (on dirait du Gang of Four), le tout sur une pulsation effrénée. La finale est faite de notes de violon qui créent l’intéressant effet d’un drone sonore. Jolt Awake s’inscrit dans le même moule, trahissant cette fois l’influence du krautrock.

N’empêche, ces moments euphorisants se révèlent peu nombreux sur Happy in the Hollow, dominé par les pièces atmosphériques aux tempos lents. Clear Shot laissait certes entrevoir un côté folk qu’on ne connaissait pas chez TOY jusque-là, sauf que les guitares acoustiques sont encore plus présentes cette fois-ci. Si Last Warmth of the Day manque de tonus, la longue The Willo se développe lentement pour sombrer dans une atmosphère sinistre, après une première section plus pastorale.

Il y a quand même des morceaux où on souhaiterait que ça lève un peu plus. Mistake a Stranger se révèle statique, malgré une utilisation ingénieuse du thérémine, tandis que Strangulation Day passe un peu inaperçue et sert avant tout de pièce d’ambiance pour introduire You Make Me Forget Myself, chantée par Barron plutôt que Dougall. Le groupe a toutefois gardé le meilleur pour la fin avec Move Through the Dark, qui combine un accompagnement shoegaze avec une magnifique mélodie digne de la pop des années 60, un peu dans l’esprit de The Jesus and Mary Chain.

Il y a beaucoup de bons éléments sur Happy in the Hollow, et on peut se réjouir de voir TOY tenter de s’affranchir de l’étiquette néo-psychédélique qui lui colle à la peau en optant pour un son plus nuancé, moins sombre et plus diversifié. Mais on a cette impression que les gars auraient pu se lâcher lousse un peu plus en délaissant quelque peu leur retenue au profit d’une énergie plus contagieuse.

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