Critiques

Titus Andronicus

A Productive Cough

  • Merge Records
  • 2018
  • 46 minutes
4,5

S’il y a un groupe qui incarne bien le « son du New Jersey »  – un mélange de punk, de rock, et de folk aux allures « sprinsteeniennes » – c’est bien Titus Andronicus. Depuis 2005, la formation nous propose toujours des disques assez intéressants. C’est grâce au deuxième album, intitulé The Monitor (2010), que Titus Andronicus a obtenu une approbation plus vaste; une production épique contenant de nombreuses références à l’histoire états-unienne. Après un Local Business (2012) correct, le groupe revenait avec l’excellent The Most Lamentable Tragedy (2015); un opéra rock mettant en vedette une panoplie de personnages paumés, minés par la bipolarité. Cette création coïncidait avec une période turbulente dans la vie du meneur de la formation, Patrick Stickles.

La semaine dernière, le désormais quatuor nous présentait un cinquième album studio : A Productive Cough. Fait à noter, aucun musicien ayant participé à la confection de The Most Lamentable Tragedy n’est présent sur cette nouvelle production. Une excellente indication du virage qu’amorce Titus Andonicus. Alors, exit le punk rock fiévreux et les changements de cap soudains au beau milieu d’une chanson. Stickles et ses acolytes empruntent une tangente domestiquée, bien ancrée dans le folk rock traditionnel…

Et ce changement anéantit l’identité sonore du groupe. Ce qui différenciait Titus Andronicus de tous ses semblables n’existe plus pour faire place à une sorte de groupe de rock générique que l’on pourrait entendre dans un bar quelconque de l’Amérique.

Si le précédent effort était un disque inspiré, suggérant une démarche artistique claire et cohérente, A Productive Cough respire la paresse à plein nez. Toutes les chansons sont à peu près à la même vitesse et se concluent, pour la plupart, avec un refrain choral digne d’une bande de fêtards hurlant à la lune à la sortie d’un bar miteux. De plus, le groupe nous offre une interminable reprise de Like a Rolling Stone de Dylan ((I’m) Like a Rolling Stone) qui est d’une inutilité déplorable. Parmi les autres ratages, je note ce rock graisseux, linéaire et insipide intitulé Home Alone où le groupe y répète, avec une ferveur d’alcoolo en manque d’attention, un « Oh ! Yeah ! » insignifiant.

Il est inutile de m’acharner plus longtemps sur ce nouvel album de Titus Andronicus. Pourquoi ? Parce que le rock, spolié de son âme par le marketing et noyé dans surproduction musicale typiquement néo-libéraliste, condamne inévitablement un groupe, après 3 ou 4 albums, à un déficit de créativité ou à une panne majeure d’inspiration. Titus Andronicus frappe donc le mur après sa cinquième production. Et il n’y a rien d’étonnant là-dedans.

Avis aux inguérissables amateurs de rock (et j’en fais partie !) : vous pouvez passer votre tour.

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