En 2009, Frédéric Pellerin, alors chanteur des Madcaps, quitte momentanément son groupe afin de mettre sur pied un projet «homme-orchestre»: They Call Me Rico. Après une première offrande homonyme bien reçue, le musicien, originaire de Trois-Rivières, récidivait avec un This Kind Of Life bonifié d’arrangements qui a propulsé ce blues-folk-rock à un niveau supérieur. La semaine dernière, Rico proposait un troisième chapitre à son aventure. Ça s’intitule This Time.

Et on ne niaisera pas avec la puck, ce nouvel album est son meilleur, rien de moins. Pour la gestation de ce disque, Pellerin s’est entouré à peu de choses près de la même équipe qui avait accompli merveilleusement le travail sur le précédent effort. Donc, on souhaite de nouveau la bienvenue aux Dominic Laroche (Voivod) à la basse, Nicolas Grimard (Caïman Fu) au lap steel ainsi qu’au fidèle violoniste/claviériste Charlie Glad. Résident maintenant à Lyon, Rico emprunte un virage plus rock, plus salopé, tout en gardant intacts ces ascendants blues-folk qui caractérisent sa musique.

En plus de moderniser sa proposition de claviers de «poteux», de piano honky-tonk, c’est cette voix superbement distordue dans un effet aussi vieillot que crasseux qui permet à l’auditeur de s’identifier à They Call Me Rico. Enregistré de façon analogique, et majoritairement en format «live» dans deux studios de la région lyonnaise, Pellerin réussit à conserver un pied dans la tradition tout en insufflant juste assez de modernité pour permettre au mélomane avide du genre de demeurer captivé.

On pense bien sûr à Led Zeppelin, aux Stones d’Exile On Main Street et à tous ces vieux blues-rockers des années 60/70, mais on y entend également des références (bien incorporées) aux Black Keys des débuts. On aime la simplicité de ce disque qui va droit au but et qui ravira autant les vieux adeptes de blues rock que ceux qui ont découvert le genre au travers d’un Jack White par exemple.

Aucun morceau faiblard au programme. Juste du bon stock. On a tripé solide sur ce Chicago blues dynamisé et titré This Time, sur l’extatique locomotive quasi gospel (ne manque que le chœur approprié) Down Down Down, sur la parfaitement crottée Treat Me Like A Dog, sur le petit penchant vieux Black Keys entendu dans Lonely Bee, sur l’introduction d’Everlasting Kind qui évoque quelque peu All Tomorrow’s Parties du Velvet Underground, sur l’explosive Lights Go Out ainsi que sur la zeppelinienne Song For Leon. Solide du début à la fin.

Certaines fines bouches pourraient critiquer le manque d’inventivité de cet album. Oui, c’est parfaitement «roots», mais c’est aussi joué avec un respect absolu des codes du genre, avec une sincère intensité, tout en y ajoutant juste assez de contemporanéité. Et Pellerin est un musicien qui détient des connaissances musicales hors de l’ordinaire. Un vrai de vrai! This Time plaira autant aux vieux de la vieille qu’aux jeunes mélomanes désirant se familiariser avec un condensé de l’histoire de la musique américaine.

Ma note: 7,5/10

They Call Me Rico
This Time
Voxtone Records
40 minutes

http://www.theycallmerico.com/

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=bS1EPAW9SL0[/youtube]