Dans le documentaire un brin propagandiste Kurt & Courtney de Nick Broomfield, le narrateur décrit les Dwarves comme étant l’un des bands les plus violents de la région de Chicago. Au même moment, l’image nous montre le leader Blag Dahlia frapper la foule à coups de pieds au son d’une pièce tout ce qu’il y a de plus furieusement hardcore. Quand on écoute les premiers albums du groupe, on a pas trop le choix d’être d’accord avec Broomfield.

En 2014, par contre, les années où Nirvana ouvrait pour le groupe sont bien loin derrière et la violence semble désormais beaucoup plus parodique qu’épeurante. À notre époque où presque plus rien ne dérange, les propos «trash ascendant misogyne» de Dahlia et compagnie, autrefois choquants et incisifs, font désormais partie des vieux meubles bruns que l’on aimerait foutre au chemin et le hardcore laisse la place à un punk rock qui s’exécute à différentes vitesses et qui tire dans tous les sens. On a l’impression d’entendre des refrains de Blink-182 (Kings Of The World) par-ci ou les Bad Brains (Get Up & Get High) par là et Dahlia se la joue beaucoup plus crooner/cabotin/motté qu’à l’époque de Blood, Guts & Pussy. Bref, l’humour douteux est le même que sur les trois albums précédents, soit The Dwarves Come Clean, The Dwarves Must Die et The Dwarves Are Born Again. D’ailleurs, on retrouve encore des collaborations des infatigables membres honoraires que sont Dexter Holland (le «bleaché» de The Offspring) et Nick Oliveri (l’ex QOTSA, toujours aussi freak/enragé).

Il nous reste la guitare frénétique d’Hewhocannotbenamed, le guitariste masqué qui avait simulé sa mort en 1993, allant même jusqu’à publier un communiqué de presse annonçant son assassinat. Ce coup fumant avait d’ailleurs valu au groupe un renvoi à coup de pied dans le cul de chez Sub Pop, leur étiquette de l’époque. Humour noir à part, c’est la partie instrumentale de l’album qui le sauve de la noyade pour cause de lourdeur au niveau de la redite. Difficile d’être amusé quand on n’a pas peur et qu’on ne trouve plus ça vraiment drôle des jokes de sexe avec des mineures. Mais bon, les riffs sont parfois excellents et il n’y a rien à faire contre le pouvoir du riff. Même toi tu sais ça.

Et puis, c’est pas parce qu’on ne rit plus que ça n’a jamais été drôle. Quand le band a offert la chanson River City Rapist (Rape the USA) à George W. Bush à titre de chanson officielle de campagne électorale, j’avais failli mourir de rire. Ce qui dérange en fait, c’est que les Dwarves sont devenus l’ombre d’eux-mêmes et ça, c’est toujours plate, même si ça va tous nous arriver.

Ma note: 6/10

The Dwarves
The Dwarves Invented Rock N’ Roll
Recess/Greedy Records
26 minutes

www.thedwarves.com

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