Critiques

The Armed

Perfect Saviors

  • Sargent House
  • 2023
  • 45 minutes
7

Pendant de nombreuses années, le collectif états-unien a confondu tant les admirateurs que les médias quant à sa véritable identité. Avec Perfect Saviors, The Armed met fin à ce petit jeu. Cette fois-ci, le meneur de la formation à géométrie variable, Troy Wolski, a rameuté Cara Drolshagen (voix, claviers), Patrick Shiroshi (basse, saxophone), Kenny Syzmanski (basse, guitare), le multi-instrumentiste Randall Lee et le batteur-virtuose Urian Huckley pour donner vie à ses idées de grandeur.

Dans le communiqué de presse annonciateur de la sortie du cinquième opus en carrière du groupe, Wolski déclarait que Perfect Saviors était « un effort sincère et totalement dépourvu d’ironie pour créer le plus grand album rock du 21e siècle ». Pour accomplir cet objectif ambitieux, The Armed a fait appel à trois réalisateurs-musiciens renommés : Ben Chisholm, Troy Van Leeuwen et Alan Moulder. Fidèle à son habitude, la formation a réuni une pléiade d’invités pour actualiser sa démarche : Iggy Pop, Julien Baker et Josh Klinghoffer (ex-guitariste des Red Hot Chili Peppers), entre autres.

Dans un enrobage sonore hautement bourratif qui mélange le punk hardcore, la pop, le nü métal, le glam rock, l’electro-pop, et même le jazz, Wolski et ses compétents acolytes abordent distraitement le florilège d’informations médiatiques, celui qui contribue au brouillard mental qui accable certains de nos concitoyens, ainsi que le manque de fiabilité de certains médias. Pourquoi l’adverbe « distraitement » ? Parce qu’ici le message est totalement occulté par l’hyperactivité compositionnelle et sonore du groupe.

Or, si The Armed a déjà été un groupe qui se servait habilement de sa brutalité pour rendre plus digestes ses mélodies pop, sur ce nouvel album, c’est le contraire qui se produit. Aucun doute, Perfect Saviors est une création aventureuse, parfois même époustouflante, mais les fans de la première heure pourraient faire la moue quant à ce virage domestiqué.

Quelques pièces valent quand même le détour. Burned Mind est en parfait équilibre entre dessuintage d’oreilles et accessibilité mélodique. L’introductive Sport of Measure est un alliage réussi de métal technique et de punk hardcore. L’influence criante de Depeche Mode en introduction de Patient Mind se transmute en un imparable refrain de type « arena rock ». L’ascendant glam-rock entendu dans Modern Vanity est intéressant. Dans Clone, l’approche vocale empruntée à celle de Julian Casablancas des Strokes est bluffante.

En fin de parcours, The Armed nous balance trois chansons quelconques : Liar 2 — morceau spécifiquement conçu pour la radio commerciale —, la ballade acoustique titrée In Heaven ainsi que In Grieving qui évoque maladroitement Radiohead.

Vous lirez probablement de nombreux avis dithyrambiques au sujet de ce nouvel album de The Armed. En ce qui nous concerne, Perfect Saviors est un long format qui repousse les limites du rock commercial.

C’est très bien. Mais ça n’excite pas beaucoup l’auteur de ces lignes.

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