Critiques

Sufjan Stevens + Lowell Brams

Aporia

  • Asthmatic Kitty
  • 2020
  • 42 minutes
6,5

Si dans la philosophie grecque le terme « aporie » fait référence à un casse-tête ou encore à un état de confusion, il réfère aussi au titre du nouvel opus de Sufjan Stevens à l’effigie des circonstances auxquelles l’artiste souhaite apporter du sens, de l’espoir et de l’encouragement, comme la musique peut si bien le faire.

Aporia sort tout droit d’une science-fiction qui n’est pas sans rappeler celle que nous vivons aujourd’hui, mais celle-ci nous extirpe justement de la réalité pour nous amener dans des abysses lointains où vivent et évoluent des sons analogiques créés à partir de synthétiseurs Prophet et d’autres sons provenant de collaborateurs tels que le batteur James McAlister (The National), le guitariste Yuuki Matthews (The Shins), la voix de Cat Martino (Stranger Cat) et le trombone de Steve Moore (Sunn O)))), pour n’en nommer quelques-uns.

Et surtout, Lowell Brams, le beau-père de Sufjan Stevens qui est non seulement le collaborateur principal de l’album, mais aussi le fondateur du label Asthmatic Kitty Records, l’étiquette de Sujfan Stevens. Brams a toutefois quitté le label en 2019, et cet album co-créé symbolise leur histoire de collaboration qui les a menés jusqu’ici. Il a eu une influence significative dans le développement de la carrière et de la démarche artistique de Stevens, et ils ont ensemble compilé d’innombrables heures d’improvisation musicale.

Les moments musicaux les plus intéressants ont été sélectionnés et retravaillés par la suite pour former 21 courtes pièces électro-new-age qui conservent leur esprit d’improvisation alors qu’elles oscillent entre l’atmosphère et la structure.

La première pièce, Ousia, reflète en elle-même ce contraste, alors qu’elle débute par des synthétiseurs enveloppants avant de passer à des sons plus clairs doublés d’un motif rythmique qui sort l’auditeur de l’état de contemplation dans lequel il était plongé au départ.

À l’instar de Planetarium (2017), Aporia est un album quasi exclusivement instrumental avec un caractère plus spontané, une instrumentation plus centrée sur les synthétiseurs, une forme davantage déconnectée, passagère (For Raymond Scott, Backhanded Cloud, Palinoide) et planante (Misology, Conciliation).

Mais l’album comporte aussi des pièces plus définies comme Climb That Mountain, la pièce minimaliste Ataraxia ou encore Glorious You. Bien qu’on puisse y entrevoir la signature mélodique de Sufjan Stevens, Aporia n’est pas un album qu’il aurait créé de lui-même. Il appelle à être écouté à la lumière de l’intention derrière sa genèse, soit une mémoire d’explorations sonores entre Stevens et Brams.

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