Sam Roberts Band
TerraForm
- Secret Brain Records
- 2016
- 50 minutes
La «terraformation», c’est l’acte de rendre une planète autre que la Terre viable pour l’homme. C’est la trame de fond de TerraForm, le sixième album studio du montréalais Sam Roberts et de son band. Un an après avoir lancé le EP Counting The Days et deux ans et demi après Lo-Fantasy, le groupe continue de rouler sa bosse avec un pop-rock conceptuel et (peut-être trop?) songé. Mais comme c’était le cas avec Collider et Lo-Fantasy, les «nouveautés» amenées à la formule du groupe sont une distraction de ce qui devrait être l’essentiel: le songwriting du bon Sam.
Sur Collider (2011), c’était les saxophones et l’esthétique très 80’s qui gâchait la sauce, sur Lo-Fantasy c’était l’approche lo-fi et la réalisation du grand sitedemo.caucteur anglais Youth qui ternissait les idées du groupe.
Pour TerraForm, le groupe s’est adjoint les services de Graham Walsh, le cerveau de Holy Fuck et encore une fois, l’association a beau avoir été heureuse en studio, elle n’opère pas dans le casque d’écoute des amateurs. C’est d’autant plus troublant pour un amateur du groupe de Walsh: on dirait qu’il a amené son bric-à-brac de claviers à la session studio.
Des boîtes à rythmes, la stratification de claviers et les guitares diffuses et aériennes, c’est correct pour The XX, mais pas pour Sam Roberts.
Je m’excuse, mais un artiste qui vit une grande expérience de partage et d’ouverture en studio avec un réalisateur de renom, ce n’est pas nécessairement gage de créer un grand album. Brian Deck a échoué avec Collider, tout comme Youth il y a deux ans et Walsh sur TerraForm.
Un exemple? Après l’introduction à la basse bien fuzzée de Ritual Dance, la superposition de synthés bricolée par le réalisateur ne crée pas juste un clash d’ambiance, mais un clash de registre également.
C’est aussi ce que l’on remarque d’une pièce à l’autre. Des titres comme FIEND, Black Spark ou Roll With The Spirit ont une intention rock notable et dégarnie du vernis signé Walsh, elles feront d’énergiques morceaux de scène.
Mais TerraForm, c’est aussi des pièces ordinaires avec un glaçage trop sucré et qui tient moyen sur le gâteau.
Enregistré en quatre semaines à Kingston dans le studio des Tragically Hip, TerraForm n’obtient pas la note de passage.
Le chant de Sam est mou et peu diversifié, les guitares sont trop absentes et le fil conducteur de l’album est un brin ampoulé, pour ne pas dire exploité sans grande originalité (voir la pièce Tourist Trap).
Rogue Empire aurait certes pu se retrouver sur Love At The End Of The World, mais elle ne peut sauver les meubles à elle seule. Et d’ailleurs, parlant de ce magnifique album de 2008, Sam Roberts et sa bande devraient rapatrier leur stock à Montréal pour leur prochain enregistrement et confier à nouveau la job à Joseph Donovan.
Parce qu’un album assumé, malgré une formule rock qui n’a pas la prétention de tout réinventer, sera toujours plus sincère qu’un disque sur lequel on sent le groupe marcher à tâtons dans son désir d’exploration et d’ouverture.
Ah oui, j’oubliais. J’ai vu Sam Roberts en concert 35 fois dans plus de 15 villes canadiennes. Donc non, ça ne me fait pas plaisir d’écrire ça.
MA NOTE: 5/10
Sam Roberts Band
TerraForm
Secret Brain Records
50 minutes