
Röyksopp
True Electric
- Dog Triumph
- 2025
- 113 minutes
Le duo norvégien Röyksopp, formé des vieux amis Svein Berge et Torbjørn Brundtland, se démarque depuis plus de vingt-cinq ans avec son approche scandinave des genres ambient, chill-out, downtempo, house et synth pop. On y retrouve donc un certain contraste dans la façon de mélanger les ingrédients, avec des plaines à l’atmosphère aérée, espacée, et des montagnes aux facettes escarpées et texturées. Sans nécessairement faire de la géographie musicale, la nuance ressort davantage en comparant avec Orbital au Royaume-Uni et Justice en France. L’autre particularité du groupe est le réseau d’artistes vocaux différents avec lequel ils collaborent depuis leurs débuts, et qui permet d’approfondir et de personnaliser les thèmes des chansons.
Le duo était de retour en avril avec leur dixième album, True Electric, en référence à leur tournée de 2023, sorte de version studio de ce qui a été présenté en direct. Pas de nouvelles pièces donc, mais l’équivalent d’un spectacle de dix-neuf chansons en version ‘club’, pigées dans leur discographie depuis Melody A.M. (2001). En contraste à leur dernier album Nebulous Nights (2024), visite guidée ambiante de la trilogie Profound Mysteries (2022), True Electric met de l’avant la dimension dansante de leur musique. On y trouve donc beaucoup de grosses caisses qui résonnent jusque dans l’outre-tombe, de crescendos de caisse claire qui accélèrent jusqu’à l’apesanteur, et des charlestons infatigables qui éclairent chaque seconde de la séquence rythmique.
Sans parler de déséquilibre, le fait que l’intention représente ce qui a été joué en direct durant la tournée donne l’impression qu’il manque deux éléments clés : la foule et la réverbération du lieu. Ça ne rend pas l’écoute moins intéressante, mais ça fait en sorte que certaines dynamiques de jeu en direct perdent de leur efficacité dans la propreté d’une production studio. Pas de réaction de foule lorsque le refrain part en fusée après avoir été crinqué par la caisse claire, pas d’interférence entre la musique et le lieu. Ça permet néanmoins d’apprécier les détails plus finement ficelés, et de monter le volume à 100 dB pour recréer la sensation physique de la grosse caisse et des basses monophoniques.
Cela dit, on retrouve néanmoins de nouvelles versions de pièces iconiques du duo, revisitées sous un angle énergique, surchargées électriquement pour reprendre le thème de la tournée. La deuxième piste, Impossible, en collaboration avec Alison Goldfrapp, frappe dans le mille avec l’étendue de son déploiement de la ligne de basse saturée au filament vocal planant. On peut également réentendre Robyn sur The Girl and the Robot, Do it again et la mémorable Monument, qui gagnent toutes en densité, bien qu’on la perde parfois dans le mix. Il y a aussi leur collaboratrice de longue date Susanne Sundfør qui est remixée sur Oh, Lover, Running to the Sea et Never Ever.
Avec True Electric, Röyksopp démontre leur capacité à se renouveler à partir d’un catalogue riche en moments forts. En ce sens, tant qu’à prendre la direction de l’expérience immersive en direct, la captation de la foule et du lieu aurait certainement contribué à relever le niveau d’intensité de deux autres coches. Il faut tout de même reconnaître que le duo s’est bien amusé à accentuer la partie rythmique, épaissir la sauce et échantillonner les voix pour explorer de nouvelles façons de faire vivre leur répertoire. Avec dix-neuf pistes et presque deux heures de musique, ce nouvel album célèbre le parcours du duo norvégien avec beaucoup d’énergie. Dansez!