Robert Pollard. Prolifique songwriter reconnu grâce à son principal véhicule musical, Guided By Voices… dont on ne sait toujours pas ce qu’il advient. En plus de son travail chez GBV, Pollard peut catapulter 2, 3 ou encore 4 parutions au cours d’une seule et même année… ce qui fait qu’on perd aisément le fil conducteur en ce qui a trait au parcours hyperactif du bonhomme. Mais une sortie de Pollard est toujours adéquate. Il est rarement à côté de ses pompes, ce qui constitue un exploit digne de mention, compte tenu de la prolifération de sa discographie.

Le vétéran faisait paraître dernièrement Of Course You Are et fidèle à son habitude, Pollard fait du Pollard, pour le plus grand plaisir des amateurs d’indie rock états-unien. Le doyen nous offre un rock élémentaire, mélodique, qui va droit au but, tout en saupoudrant sa musique de quelques subtils claviers de poteux et d’arrangements orchestraux frémissants qui, combinés aux mélodies orfévrées de l’artiste, nous comblent au plus haut point.

Curieusement, la réalisation est moins bric-à-brac qu’à l’accoutumée. C’est lo-fi comme d’habitude, mais le son d’ensemble est plus clair et limpide. Tout au long de l’écoute, j’ai pensé à de vieux routiers comme R.E.M., Big Star, ou encore, aux incontournables Replacements. Bref, Pollard suggère du bon rock à l’américaine, joué sans aucune autre prétention que d’être efficace… et croyez-moi, ça fait le travail!

Ça fonctionne encore après toutes ces années (et après toutes ces parutions) parce que Pollard est mélodiquement irréprochable. Ce vieux loup n’aurait jamais pu durer aussi longtemps sans cet immense talent de mélodiste. Je pourrais analyser de long en large le travail de cet intarissable créateur chansonnier, mais il n’y a rien de mieux que de prêter l’oreille à son œuvre.

Encore une fois, Of Course You Are est rempli de bonnes chansons simples et mélodiquement à point. Mes préférées? L’excellent riff country rock (qui lance ce nouveau disque) titré My Daughter Yes She Knows, la très Replacements Long Live Instant Pandemonium, l’orchestrale et magnifique Come And Listen, le petit côté Pavement évoqué dans Promo Brunette ainsi que l’aspect «power-pop» entendu dans The Hand That Holds You. Le folk rock déjanté Contemporary Man (He Is Our Age) de même que la prenante (un peu «sci-fi») Losing It viennent compléter le tableau.

Oui, Pollard fait la même maudite affaire depuis des lustres, mais il le fait avec un résultat qui étonne toujours. Comment ce gars-là fait-il pour écrire autant de bons morceaux? Parce qu’il est un talent supérieur qui se fout des convenances de l’industrie, et qui a, semble-t-il, un urgent besoin de créer… et qui ne s’empêche pas de le faire.

P.-S. En rédigeant ce texte, je suis tombé sur un article paru chez Consequence Of Sound qui annonce la sortie d’un nouveau Guided By Voices pour le mois d’avril prochain. Ah! Ben! Coudonc! Pollard est aussi dur à suivre qu’impressionnant!

Ma note: 7/10

Robert Pollard
Of Course You Are
Fire Records
32 minutes

http://www.robertpollard.net/

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=5HkvhJJ6ETE[/youtube]