Critiques

Robert Forster

Songs To Play

  • Tapete Records
  • 2015
  • 40 minutes
7

Robert ForsterPlusieurs mélomanes imberbes vont sûrement se demander qui est ce Robert Forster. Soyons un peu condescendants et allons-y d’un succinct résumé de la carrière de ce songwriter trop méconnu. Cet Australien de naissance fut en premier lieu le cofondateur d’un important groupe indie-pop (et honteusement mésestimé) nommé The Go-Betweens. En effet, en compagnie de feu Grant McLennan (décédé en 2006), la formation a été maintes fois citée en tant que référence pop alternative ultime. On pense à des artistes tels que U2, Belle And Sebastian, pour ne nommer que ceux-là.

La carrière solo de Forster n’est ponctuée d’aucun ratage tant son écriture chansonnière lettrée, distinguée et simple à la fois est irréprochable. La dernière parution du bonhomme? The Evangelist en 2008 qui voyait Forster nous proposer deux chansons coécrites avec son comparse McLennan un peu avant son décès: l’émouvante et magnifique Demon Days (on vous met au défi de ne pas verser une petite larme à l’écoute de ce petit bijou) et Let Your Light In, Babe. Le monument australien est de retour cette semaine avec un Songs To Play… 100% Forster!

Sans que ce soit le meilleur album du vétéran, les habitués seront plus qu’heureux de renouer avec ce brillant orfèvre de la chanson. Ce nouvel opus du doyen n’arrive pas à la cheville des albums Warm Nights (1996) et Danger In The Past (1990), mais prêter l’oreille à Robert Forster est toujours un plaisir qui ne se dément pas. Puisque que le musicien est un aficionado de «countrymen» aussi obscur que Guy Clark et le génial Townes Van Zandt, on retrouve l’artiste en mode folk rock coutumier. Deux guitares, une batterie, une basse, une violoniste-choriste, la voix singulière de Forster et ses textes bourrés de références littéraires suffisent à faire le travail.

Pour bien apprécier l’oeuvre de Robert Forster, il faut aimer la forme chansonnière dans sa plus pure expression, l’homme n’étant pas un adepte d’esbroufe… quoiqu’une certaine surprise sonore nous attendait à l’écoute d’A Poet Walks qui met en valeur un subtil alliage de trompette, violon et piano; la pièce la plus orchestrée de ce disque, il va sans dire.

Parmi les autres instants valables de ce Songs To Play, on a apprécié la superbe Songwriters On The Run (un hommage à tous ces faiseurs de chansons qui évoluent dans l’ombre), la frémissante And I Knew, le petit penchant «bossa-nova» entendu dans Love Is Where It Is et le crescendo final extatique (du moins pour Forster) incluant un «what we had» répété ad nauseam dans l’excellente Disaster In Motion. Pas de Demon Days, ni de Warm Nights au programme, mais Forster livre encore une fois la marchandise, pour qui aime le genre.

Songs To Play s’adresse clairement à un auditoire adulte… mais pas nécessairement celui qui ne se peut plus devant notre Céline nationale. Cette sitedemo.cauction est destinée au mélomane cultivé (un peu snobinard, disons-le) qui affectionne les textes bien ficelés et la chanson raffinée. Pas un grand cru de la part du vieux routier, mais c’est encore une fois fort potable!

Ma note: 7/10

Robert Forster
Songs To Play
Tapete Records
40 minutes

http://www.robertforster.net

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=M85V0Y_dfO0[/youtube]

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