Critiques

Rico Nasty

Nightmare Vacation

  • Atlantic Records
  • 2020
  • 39 minutes
7,5

L’attente est terminée : le premier album de Rico Nasty est finalement arrivé. Après plusieurs mixtapes et EPs parus au cours des six dernières années, la rappeuse de 23 ans lance enfin un album officiel, Nightmare Vacation. Ce projet de 16 chansons a été conçu sur plus d’une année. Cet album détermine si ça passe ou ça casse pour Rico : est-elle un simple feu de paille ou un violent incendie ?

Chose certaine, elle est animée d’un feu assez intense. Si tu n’as jamais écouté du Rico Nasty, attache ta tuque avec d’la broche! Elle fait dans le trap assez puissant aux sauces punk et métal rap. Même si ce n’est pas toutes les pièces qui sont autant bruyantes, ça reste majoritairement très énergétique. Pour vous initier, je vous conseille ses précédents succès Smack a Bitch (qui est d’ailleurs en bonus sur l’album) et Rage.

Revenons-en à nos moutons : Nightmare Vacation. Rico ne déçoit pas avec son premier album officiel. Elle réussit, encore une fois, à mélanger plusieurs styles différents pour plaire au plus grand nombre. Il y a autant de chansons qui nous donnent un torticolis assuré (Candy, STFU, Girl Scouts) que de chansons qui auraient pu passer sur une radio de type rock détente… ou presque (Don’t Like Me, Loser, No Debate). La cerise sur le sundae ? C’est une chanson comme IPHONE où la rappeuse arrive à avoir des moments doux et calme versus d’autres, complètement disjonctées. 

Cela est dû aux producteurs provenant de différents milieux et qui s’invitent au fil du projet. Les plus connus : les duos Take a Daytrip (trap, rap) et 100 Gecs (experimental, electronic pop), CashMoneyAP (trap, rap) et Avedon (R&B, hip-hop). Ils viennent tous donner du tonus et un son particulier à l’album pour le bonheur de nos oreilles. Aussi, les voix de Gucci Mane, Don Tolliver, Aminé et Trippie Redd viennent s’ajouter, sans oublier celles de ppcocaine, Sukihana et Rubi Rose sur le remix de Smack a Bitch. Cette pièce est un hymne au rap féminin qui prend de plus en plus de place dans l’ère moderne du hip-hop et avec raison.

Les premières lignes de l’album d’un rappeur ou d’une rappeuse sont toujours très importantes. Elles viennent donner le ton au reste d’un album. Ce n’est pas différent pour Rico Nasty qui débute avec la phrase suivante :

“On a dark and stormy night, I don’t blend in, bitch, I shine bright”

– Candy

Elle résume parfaitement sa personnalité en une seule phrase et l’on sait désormais à quoi s’attendre. Rico peut aussi lancer d’impressionnantes figures de style lorsqu’elle plonge dans du gros gangsta rap :

“My bitches treat you like Chinese, they’ll take you out

They know that I got money, I’ll bail ’em out

Bitches at your door like Girl Scouts

Pull up with the chopper, then I air it out”

– Girl Scouts

Elle se débrouille plutôt bien avec le crayon, quoique l’écriture n’est pas son arme favorite. Elle est beaucoup plus dans le brag, et les paroles auxquelles on peut s’identifier, que les multisyllabiques et les gros jeux de mots. C’est plutôt son énergie, son attitude et ses choix musicaux qui l’avantagent face aux autres rappeurs/rappeuses américain(e)s.

Nightmare Vacation ne déçoit pas. Rico Nasty respecte et dépasse même les attentes fondées. Elle est définitivement l’une des meilleures rappeuses du moment. Elle n’a rien à envier aux Cardi B et Megan Thee Stallion de ce monde. Malgré qu’elle ne soit pas aussi grand public que ces dernières, Rico a un succès critique plus qu’intéressant et un bon groupe de supporters. La flamme est bel et bien allumée et il sera dur de l’éteindre.

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