Critiques

arrows

Red Fang

Arrows

  • Relapse Records
  • 2021
  • 43 minutes
8
Le meilleur de lca

La formation originaire de Portland, Oregon, Red Fang, contraste avec ses semblables en raison de son approche décontractée. En concert, lorsque les membres s’installent sur scène, ils se serrent la pince comme s’ils se rencontraient pour la première fois. Cette désinvolture rebute parfois certains fans purs et durs. Néanmoins, depuis 2005, le stoner-sludge asséné par le quatuor est d’une efficacité redoutable. Aujourd’hui, Red Fang lance son 5e long format en carrière : Arrows.

Avec Whales and Leeches (2013), et surtout Only Ghosts (2016), on décelait chez le groupe une envie d’incorporer un peu de hard rock à sa formule éprouvée. Et c’est sans compter sur une réalisation plus lisse qui laissait entrevoir le désir d’élargir son bassin d’admirateurs. Cela dit, Aaron Beam (voix, basse), Bryan Giles (voix, guitare), David Sullivan (guitare) et ce magicien rythmique qu’est John Sherman, ont toujours gardé un pied bien ancré dans la lourdeur crasseuse.

Arrows a été enregistré tout au long de l’année 2019 en compagnie des habituels acolytes Chris Funk et Ross Robinson, mais surtout avec l’intention de retrouver la créativité et la spontanéité du magistral Murder the Mountains (2011). Dès les premières écoutes, on remarque une différence marquée dans le son d’ensemble. La batterie, entre autres, a été enregistrée au fond d’un « skate pool » lui conférant ainsi un son aussi spacieux que puissant. Les guitares, elles, sont plus crasseuses que jamais.

Mais ce qui distingue Arrows de ses prédécesseurs, ce sont les claviers d’ambiance qui intensifient encore plus l’étrangeté assumée de ce nouvel album. Red Fang s’est également adjoint les services de la violoniste Patti King qui bonifie l’atmosphère glauque et embrumée de cette création, en plus d’élargir la palette sonore de la formation.

Arrows peut être écouté de deux façons distinctes. La première, plus immédiate, focalise l’attention sur les riffs et la lourdeur coutumière de Red Fang. La deuxième, elle, est plus immersive, car derrière ce stoner encrassé se camoufle de subtils arrangements.

Dès l’ouverture de l’album, avec Take It Back, Red Fang mélange des notes de basses inharmonieuses, de lointains hurlements et de multiples couches sonores imperceptibles. Dans Fonzi Scheme — un clin d’œil au personnage d’Arthur « Fonzie » Fonzarelli dans la vieille série Happy Days — le violon, les claviers et un riff d’une pesanteur abyssale se côtoient pour offrir à l’auditeur une masse sonore floue. My Disaster incorpore des ascendants punks, mais ponctués de guitares magnifiquement discordantes. Évidemment, les amateurs de stoner pur jus ne seront pas en reste avec Anodyne. Beam et Giles hurlent leur vie et sont à deux doigts de s’effondrer de vive voix!

Sans atteindre les hauts standards établis avec Murder the Mountains, Red Fang prend des risques calculés en souillonnant son approche déjà vaseuse grâce à tous ces claviers (et ce violon) répartis finement tout au long de l’album. Arrows est un album qui plaira aux « headbangers », mais aussi à ceux et celles qui souhaitaient voir la formation remettre quelque peu en question son modus operandi.

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