Il était vraiment temps que je prenne le temps de m’asseoir pour écrire sur l’excellent Un homme et son piano de P’tit Belliveau. L’auteur-compositeur-interprète de Baie-Ste-Marie avait marqué des points avec son premier album, Greatest Hits Vol.1 et, avec ce deuxième, il poursuit sur sa lancée. Jonah Guimond nous prouve qu’il est encore plus audacieux musicalement que ce que l’on pensait en pigeant dans des styles musicaux diversifiés.

Il y a de grosses chansons sur Un homme et son piano. On ne peut passer sous silence l’infectieuse Demain, une chanson qui parle de cette envie de reporter ses obligations et de procrastiner. En même temps, on se dit que P’tit Belliveau ne doit pas se traîner les savates trop, trop… Il y a deux ans, il faisait paraître son premier album, l’an dernier un EP hommage à Baptiste Comeau et maintenant le deuxième qui arrive. C’est aussi une chanson qui expose les ambitions de l’Acadien qui, du moins pour le moment, livre la marchandise.

J’peux compter sur une monne
Les affaires qui font d’la suite dans ma petite tête
J’feel comme un alien
Hors de l’outer space
Quand j’parle au monde assez longtemps
Y croyont que chu out
Pis ils fermont la fenêtre

J’feel come un alien

C’est l’éternel thème de l’artiste qui sent qu’il ne fait pas partie à la majorité qui se pointe sur J’feel comme un alien, mais je ne me souviens pas d’avoir entendu une pièce qui va autant à l’essentiel tout en le faisant dans un mélange de français et d’anglais efficace. Pendant la pièce, on passe musicalement d’un slow kitsch à un motif country comme si c’était l’alliage le plus naturel du monde. C’est un des grands talents de P’tit Belliveau d’être capable de créer des liens, comme si les frontières entre les styles n’existaient tout simplement pas. La chanson est aussi une déclaration d’amour à la scène et à sa blonde qui sont les deux qui le comprennent vraiment.

Retourner chez nous pour sa part aborde le retour en région, comme cet aimant qui rappelle P’tit Belliveau. Le tout est livré encore une fois avec goût et une mélodie hyper efficace. Depuis que la neige a fondu donne envie de partir le party comme une journée chaude de printemps quand les fleurs sont en train d’émerger du sol, J’aimerais d’avoir un John Deere est une (presque) touchante ballade sur l’envie d’avoir un gros tracteur pour se promener dans les rangs.

Meteghan River montre aussi les influences plus hyperpop de P’tit Belliveau qui se pointe le bout du nez avec les synthétiseurs qui sonnent comme des bonbons pour les oreilles. Lupines, pour sa part, est à l’opposée avec un air franchement country et une facture auditive qui va avec.

Il n’y a pas à dire, P’tit Belliveau est de loin l’extraterrestre le plus sympathique de l’Acadie et un talentueux compositeur. Je pense que l’on ne comprend pas encore tout le génie musical derrière son habille métissage du country et des autres genres musicaux mondiaux. Surtout qu’il évite le piège que ses chansons sonnent comme du trad. Et ça demeure vraiment country.