Critiques

Ponctuation

Mon herbier du monde entier

  • Bonsound
  • 2018
  • 33 minutes
7,5

Ponctuation est un groupe formé par les frères Chiasson (Guillaume et Maxime). Ils font du rock garage. Pas tout le temps, mais souvent. Heureusement pour nous. Entre des jams à Québec ou Montréal et des spectacles en Europe pour présenter leur album La réalité nous suffit, ils récoltent des feuilles et des fleurs. C’est ce qu’on peut présumer selon le titre de leur nouvel opus Mon herbier du monde entier. Comme des végétaux écrasés entre les pages d’un dictionnaire, ils ont enfermé leurs 3 dernières années entre 9 chansons. Ça donne une collection musicale un peu mélancolique avec des ruptures, de l’amour, des riffs bien grinçants et leur quotidien presque surréaliste.

 

Expatrier du cœur

Dommage que ce soit aussi chez toi

Je dors dans mon lit

Toi sur le divan

– Exil

 

En plus de jouer le rock’n’roll et de faire concurrence au frère Marie-Victorin, Ponctuation semble s’intéresser aux langues étrangères. Une des pièces s’intitule Unheimliche et c’est ce concept allemand qui m’apparaît être le cœur de Mon herbier du monde entier. Dans la langue de Freud, «Unheimliche» désigne un malaise né d’une rupture dans la rationalité rassurante de la vie quotidienne. Une relation qui se désagrège avec douleur. Il n’en faut pas plus pour rompre une réalité. À travers une mélodie de guitare de surf rock ou le battement psychédélique de la caisse claire, les mots forment des cicatrices.

 

Je t’embrasse sans savoir que tu me laisses

-Unheimliche

 

Banal lieu sécuritaire, une adresse conjointe devient un lieu à fuir dans Exil. Une fuite vers l’avant, vers la distorsion bruyante d’Unheimliche dont la guitare folle semble traduire un esprit en perte de repères. Juste avant que l’étourdissement soit total, tout arrête abruptement. Ce qui reste c’est le silence de ce qui semble être un parc ou un fossé.

 

Une prière pour un cœur sauvage

Dans une cage de chaire

-MI Arcan MI Bovary

 

À partir d’Unheimliche la rupture semble s’éloigner. Avec un son rock psychédélique teinté de blues, Apnée devient un hommage aux beaux jours d’une rencontre passée. Ça se termine avec Mode d’emploi dont la mélodie où s’enchaînent la guitare et l’orgue semble plus légère et naïve comme celle d’une balade des Beach Boys. La mélancolie est toujours là, mais la joie se pointe le bout du nez. Quand les «La, La, La» sont là, c’est toujours bon signe. Et c’est sur ces quelques notes joyeuses que la dernière ligne de Mon herbier du monde entier est entonnée:

 

Ça fait tellement longtemps que j’ai oublié comment faire

-Mode d’emploi

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