Critiques

Patche

Patche

  • Popop
  • 2023
  • 38 minutes
8
Le meilleur de lca

Ce quintette québécois se démarque significativement de tout ce qui se crée dans cette petite contrée sonore parfois un peu trop conformiste. Patche est formé d’une section rythmique béton composée du métronomique Mandela Coupal-Dalgeish (batterie) et de l’excellent Étienne Dupré (basse). Le groupe est complété par Elliott Durocher Bundock (synthétiseur modulaire, boîte à rythmes), Lévy Bourbonnais (harmonica, création sonore) et JB Pinard (synthétiseur modulaire).

La semaine dernière, ces compétents musiciens nous présentaient un premier album éponyme qui mélange les textures ambiantes, les rythmes narcotiques, le rock expérimental, l’art rock et même la techno. Les neuf pièces rassemblées sur ce premier long format ont été conçues d’un seul trait lors de séances d’improvisations. Ensuite, une sorte de montage sonore a été effectuée afin de rendre ces « jam-sessions » cohérentes, tout en conservant leur éclectisme.

Pour cette première sortie, l’intention créative qui anime les membres de Patche est simple : présenter une performance musicale vivante, directe et organique, malgré l’omniprésence des synthés modulaires. Dès l’entrée en matière titrée Willi, vous serez téléportés dans un univers cosmique qui conserve une certaine familiarité avec des groupes comme Beak>, Kraftwerk et Can.

Or, ce qui différencie Patche de ses homologues mentionnés ci-dessus, c’est le jeu de basse inventif de Dupré et celui du batteur Coupal-Dalgeish, permettant ainsi au trio « modulaire » de s’en donner à cœur joie en matière d’atmosphères psychédéliques.

Le quintette trempe également certaines de ses pièces dans une solution aux influences technos. Coin secret emploie le même procédé cathartique si emblématique de ce genre musical : rythme binaire qui mène lentement vers une explosion synthétique réussie. Gingham est une pièce élaborée dans la même émulsion, mais en mode plus apaisée.

Enfin, la bande ponctue subtilement ses instrumentaux d’échantillonnages bien de chez nous qui font sourire. Toujours dans Willi, Patche annonce ses couleurs kaléidoscopiques par l’entremise d’un laconique message :

Tu es entièrement emporté dans ce rythme

Ton rythme

Ton propre rythme qu’enfin tu révèles

Que tu respectes

Écoute

Willi

En plus de faire preuve d’une cohésion chirurgicale, Patche module habilement les mouvements à l’intérieur de chacun de ses morceaux. Dans Motorik, le lent crescendo menant à la conclusion relativement déflagrante est tout simplement parfait. Ce sont les synthés fantomatiques et dissonants qui attirent l’attention dans Plaisir. Avec Off, Patche nous propose une promenade dans une sorte de jungle synthétique. L’introduction aux allures reggae dans Stereo Vocoder Drums fait lentement place à une ligne de basse captivante. Dans Lars Unlars, on pense immédiatement à Osees tant les ressemblances rythmiques peuvent être associées à ce qu’on pouvait entendre sur les albums Smote Reverser (2018) et Face Stabber (2019).

Cette première aventure, gracieuseté de Patche, est une agréable surprise comme il en survient que trop rarement dans notre petit marché musical. Une production qui détonne, qui se met à l’abri de la pop et de ses innombrables dérivés.

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