Critiques

Oso Oso

basking in the glow

  • Triple Crown Records
  • 2019
  • 36 minutes
7,5

Jared Lilitri (voix, guitare) est le meneur incontesté de la formation Oso Oso; un groupe américain originaire de Long Beach, New York. Depuis 2015, avec la parution de Real Stories of True People Kind of Looked Like Monsters, le groupe a ratissé les sillons creusés par les Death Cab for Cutie et Jimmy Eat World de ce monde. On est ici dans un univers parfaitement power-pop-emo. Donc, rien de bien inventif.

En 2017, Lilitri lançait The Yunahon Mixtapes qui, sous des dehors lo-fi, dissimulait une remarquable sensibilité pop. Au mois d’août dernier, Oso Oso nous présentait ce que l’on peut considérer comme étant son premier album officiel : basking in the glow. Réalisé et mixé par Mike Sapone (Taking Back Sunday, Public Enemy, etc.), ce nouvel album sonne le glas de l’esthétique préconisée jusqu’à maintenant afin de faire place à un véritable album studio dit « professionnel ».

Le passage du lo-fi à des moyens de production améliorés ne se fait pas toujours sans heurts. Plusieurs groupes en ont même perdu leur personnalité. Weezer, par exemple… Récemment, seul Car Seat Headrest est parvenu à faire le saut vers un son plus rassembleur, tout en conservant intacte l’énergie si chère à une formation rock.

Le pari pris par Oso Oso est totalement gagnant. De factures classiques, les chansons de Lilitri coulent de source et la réalisation, ronde et précise, bonifie l’explosivité des refrains. Lilitri est l’un des meilleurs mélodistes qu’on a entendus ces dernières années; seul le bon Mikal Cronin lui arrive à la cheville.

Et le compositeur est relativement doué littérairement parlant. Lilitri fait l’éloge de l’élévation de la pensée, de la zénitude en situation d’adversité et de la recherche constante d’un certain équilibre dans sa vie personnelle. Des thèmes pas tout à fait « rock », mais qui dans les mots de Lilitri, recèlent une certaine forme de vérité. Il y a des batailles qui ne valent pas la peine d’être menées :

« So long, hollowed, narrowing road

I think I’m turning back

It’s the only way I know »

the view

Du même souffle, le parolier fait preuve d’une très grande lucidité face à lui-même :

« Well, sometimes you do what you feel

Well, most of the time I feel like shit »

impossible game

En plus de l’imparable refrain dans the view, Oso Oso nous offre quelques perles sonores dignes de mention : superbe one sick plan (seule pièce en mode lo-fi), la conclusive charlie et la mélancolique a morning sun, pour ne nommer que ceux-là.

D’ordinaire, ce genre musical rebute au plus haut point l’auteur de ces lignes, mais Oso Oso possède un charme indicible, un je-ne-sais-quoi qui donne envie d’y revenir. De bonnes chansons bien réalisées et jouées avec sincérité peuvent donc faire l’affaire.

L’album pop-rock de l’année ? Pourquoi pas.

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